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Bernard-Délicieux.
- Franciscain, né à Montpellier,
entré au couvent des frères mineurs de Carcassonne
en 1284, mort dans un cachot de l'Inquisition
après 1319. Successivement lecteur dans les couvents de Carcassonne
et de Narbonne ,
doué, au dire de ses contemporains, d'une éloquence entraînante,
Bernard entreprit de délivrer le Languedoc
et spécialement l'Albigeois
de l'odieuse oppression des inquisiteurs. Après s'être adressé
aux commissaires royaux envoyés en Languedoc par Philippe
le Bel, il conduisit lui-même à la cour du roi une députation
des habitants d'Albi
et de Castres ,
peignit vivement les scandales, les abus, les spoliations qui répandaient
la terreur dans tout le Midi.
De retour en Languedoc et n'ayant obtenu
que des promesses vagues, il entreprit de soulever les populations, alla
de ville en ville prêcher avec une violence passionnée contre
l'Inquisition et forma une véritable
ligue pour la délivrance des prisonniers, si bien qu'un jour, une
émeute forçant la main des officiers royaux, il. réussit
à faire démolir les cellules où gémissaient,
depuis des années, les « emmurés» de Carcassonne .
Un voyage du roi en Languedoc avait donné
à Bernard l'espoir de voir confirmer ce premier succès et
de vaincre définitivement l'Inquisition;
mais Philippe le Bel n'avait garde à
ce moment d'entamer une lutte sur ce point avec un pape qui appartenait
lui-même à l'ordre des prêcheurs. La froideur du souverain
causa à Bernard une profonde déception; de dépit il
trempa dans un complot qui avait pour but de livrer le pays au prince Ferdinand
d'Aragon, fils du roi Jaime Il. Ce fut la cause de sa perte; le complot
révélé, Bernard et ses complices furent arrêtés
(1305). Un grand nombre de ceux-ci furent pendus; quant au franciscain
il fut livré à la justice ecclésiastique dont les
lenteurs le sauvèrent.
A peu près oublié, il avait
même recouvré la liberté depuis quelques années
lorsqu'une démarche inconsidérée le perdit. Bernard
Délicieux s'avisa en 1318 de se faire le champion de ceux des franciscains
qui reprochaient à une partie des frères mineurs, leur morale
relâchée et leurs meurs dissolues; il osa même aller
en personne les accuser à la cour pontificale d'Avignon
(1318). Cette fois les franciscains eux-mêmes se joignirent aux prêcheurs
pour l'accabler; on lui fit son procès et le 8 décembre 1319
il fut condamné à finir sa vie dans un cachot, au pain et
à l'eau et retenu par des chaînes de fer; on croit qu'il mourut
l'année suivante. |
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