Baudelaire
1857 |
J'ai longtemps habité
sous de vastes portiques
Que les soleils
marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands
piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils,
le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant
les images des cieux,
Mêlaient d'une
façon solennelle et mystique
Les tout-puissants
accords de leur riche musique
Aux couleurs du
couchant reflété par mes yeux.
C'est là que
j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur,
des vagues, des splendeurs
Et des esclaves
nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient
le front avec des palmes,
Et dont l'unique
soin était d'approfondir
Le secret douloureux
qui me faisait languir. |
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