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Betty Paoli (Elisabeth Glück)

Barbara Elisabeth Glück, connue sous le pseudonyme de Betty Paoli,  est une poétesse autrichienne, née à Vienne le 30 décembre 1845, morte le 5 juilet 1894. Fille d'un médecin militaire hongrois, elle perdit de bonne heure son père, erra à travers l'Europe avec une mère d'humeur bizarre et changeante, et connut avec elle des jours difficiles, leur fortune ayant été engloutie dans une faillite. Après avoir perdu sa mère en 1834, elle rentra à Vienne en 1835, y mena pendant quelque temps la dure vie d'institutrice, et fut ensuite pendant cinq ans lectrice de la maréchale de Schwarzenberg (1843-1848). Sa protectrice étant morte, elle voyagea pendant quelque temps, visita la Saxe, puis Paris (1830). Enfin, elle rentra à Vienne, où, après avoir pratiqué pendant plusieurs années le pénible métier de journaliste, elle trouva enfin l'indépendance et fut accueillie par une amie, Mme de Flaischl, dans la maison et la famille de laquelle elle passa le reste de sa vie.

L'oeuvre de Betty Paoli est assez considérable. Elle comprend plusieurs recueils de poésies : Gedichte (Pest, 1841; 2e éd., 1843); Nach dem Gewitter (Pest, 1843; 2e éd. 1850); Romancero (Leipzig, 1845); Neue Gedichte (Pest, 1850); Lyrisches und Episches (Pest, 1856); Neueste Gedichte (Vienne, 1869); des récits : Die Welt und mein Auge. Erzäklungen (Pest, 1844, 3 vol.), et des ouvrages de critique : Wiens Gemäldegalerien (Presbourg, 1865); Grillparzer und seine Werke (Stuttgart, 1875). Un recueil de ses poésies choisies a paru sous le titre de Gedichte, Aus-wahl und Nachlasz (Stuttgart, 4895).

« Je ne suis qu'une âme qui a beaucoup aimé et beaucoup souffert, et ma poésie n'est qu'un chant révélant toutes les muettes douleurs qui peuvent remplir le coeur de la femme.-» 
Si ces vers modestes et fiers dans lesquels Betty Paoli définit la nature de son talent ne disent pas tout ce qu'elle a été, ils indiquent du moins avec beaucoup de justesse ce qui fait surtout la valeur de son oeuvre. Sans doute, elle a connu les angoisses en face du problème de la vie; elle a, en de beaux vers philosophiques, chanté ses doutes et ses tristesses ou son invincible foi dans l'idéal, dans le bien et le progrès; mais sa pensée est loin d'égaler en profondeur et en originalité celle de sa contemporaine et rivale en poésie, Annette von Droste-Hülshoff, par exemple. C'est dans la peinture des joies et surtout des tristesses de l'amour qu'elle excelle. Il semble qu'elle ait connu - peut-être à deux reprises différentes - la douleur d'un amour déçu.

On trouve dans ses premiers recueils quelques poésies fort belles où s'exhale le bonheur de la femme aimée qui s'abandonne, dans une douce extase, à un sentiment tout-puissant. Mais ce sont les accents de plainte, de regret, de désespoir qui dominent dans ses chants. Elle s'est vue abandonnée par celui qu'elle aimait, elle a cruellement souffert, et la souffrance l'a inspirée: sa nurse a été « cette sauvage puissance qui a vaincu son coeur et qui s'appelle la douleur ». Il n'y a, d'ailleurs, dans ces plaintes ni monotonie, ni étalage de sensibilité larmoyante. Betty Paoli a conscience de sa dignité, elle sait ce qu'elle vaut, et si ce sentiment ne diminue en rien ses souffrances, il l'empêche du moins de jamais tomber dans la trivialité. C'est  dans le renoncement qu'elle cherche un remède à ses maux. 

« Je suis, dit-elle, une morte qu'on a oublié de porter en terre, une défunte qu'une sentence sévère a exclue de la peine et que hante, comme un rêve plein d'horreur, le souvenir du bonheur évanoui ». 
Ou encore :
« Ce qui m'est resté de mon amour, c'est une pitié hautaine, et ce n'est que cela... Mieux vaut renoncer courageusenient au bonheur, une fois pour toutes, que de porter, souillée, un idéal au rabais dans son coeur ».
(Henri Lichtenberger)
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