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Arrien

Flavius Arrien est un historien, géographe, philosophe célébre du IIe siècle de l'ère chrétienne. Il était né vers la fin du Ier siècle, à Nicomédie, en Bithynie et y fut élevé. Lorsque l'édit de Domitien chassa les philosophes de Rome et de l'Italie (94 ap. J.-C.), il se trouva en rapport avec Epictète qui était venu se fixer à Nicopolis en Epire et fut, avec Favonius, son disciple de prédilection. Il fit, en Grèce, la connaissance de l'empereur Hadrien qui lui octroya le droit de cité et lui confia des affaires importantes; c'est à partir de ce moment qu'il prit le nom de Flavius, qui était celui de la famille impériale. En 131, il fut chargé d'inspecter les positions militaires des Romains sur la mer Noire, depuis Trébizonde jusqu'à la Chersonèse Taurique (Crimée), d'assurer la défense des frontières contre les incursions des Alains et des Massagètes. Nommé préfet de la Cappadoce, il eut l'occasion de combattre en personne ces barbares et fut nommé consul par Antonin le Pieux. Il habita désormais Nicomédie, sa patrie, uniquement occupé de ses travaux, revêtu par ses concitoyens des fonctions de prêtre au temple de Déméter et de Cora. Les Athéniens, par admiration pour son talent, lui avaient décerné le titre de citoyen. On ignore la date exacte de sa mort, qui eut lieu sous le règne de Marc-Aurèle. Dion Cassius lui consacra une biographie aujourd'hui perdue.

Arrien doit la principale part de sa réputation à ses travaux d'histoire et à ses récits de voyages; en première ligne, à son Anabase, qui est une histoire complète du règne d'Alexandre le Grand. L'auteur part de cette affirmation que les faits les plus insignifiants de l'histoire grecque sont mieux connus que les exploits du roi de Macédoine, tant le goût du merveilleux en a dénaturé le tableau chez tous ceux qui l'ont tracé. L'oeuvre d'Arrien se distingue par un respect profond de la vérité, une critique exacte des sources; elle atteste une connaissance étendue des lieux, des principes de la tactique militaire, comme aussi une grande expérience des affaires publiques. Cette histoire est la source la plus digne de foi que nous puissions consulter sur un si important objet. Une monographie en dialecte ionien (l'Anabase est en dialecte attique) sur les moeurs et la géographie de l'Inde peut être considérée comme un appendice à l'histoire d'Alexandre.

Arrien avait écrit la continuation de cette dernière en dix livres; il y racontait tous les événements depuis la mort du roi jusqu'à la soumission des partisans de Perdiccas et au retour d'Antipater. Il reste aussi des fragments d'une histoire de la Bithynie, dont était originaire Arrien, depuis la guerre de Troie jusqu'à l'annexion par les Romains; quant à un récit des guerres de Rome contre les Parthes, sous le règne d'Hadrien, il a péri à peu près en entier. En revanche, nous possédons encore un traité de la Tactique militaire qui concorde en bien des points avec un ouvrage analogue d'Elien; l'auteur est au fait de tout ce qui a été écrit, et possède une science réelle du métier de la guerre. Parmi les autres ouvrages d'Arrien, il faut citer un livre sur la chasse, qui n'est qu'un complément du traité connu de Xénophon; un Périple du Pont Euxin où il rend compte de son inspection militaire, oeuvre remarquable par l'exactitude des renseignements ethnographiques et géographiques, par la clarté et même l'élégance des descriptions.

Enfin, Arrien est connu comme philosophe stoïcien, disciple et fervent admirateur d'Epictète, dont il a recueilli les enseignements dans deux ouvrages étendus et dans une sorte de Manuel qui, jusque bien avant dans les siècles chrétiens, a joui d'une grande autorité; ce manuel a été, au VIe siècle, l'objet d'un commentaire par Simplicius; Ange Politien l'a traduit en latin à l'aurore de la Renaissance (1493). Apprécié dans l'ensemble de sa personnalité et de ses ouvrages, Arrien apparaît comme un des esprits les plus cultivés et les mieux doués du déclin de l'hellénisme. C'est un politique, un soldat, un voyageur qui parle de ce qui il a vu, pratiqué et approfondi à la fois par l'étude et par l'expérience. Sa philosophie, élevée et pratique, échappe aux chimères des théoriciens du stoïcisme par un sens juste de la vie et par la connaissance des hommes. Au point de vue de la forme comme à celui de la pensée, Arrien n'est pas sans analogie avec Xénophon; il est par rapport à Epictète ce que l'auteur des Mémorables a été vis-à-vis de Socrate, un continuateur vulgarisant. Il imite de même Xénophon dans l'Histoire, ce qui lui a valu d'ailleurs le surnom de Xénophon le Jeune. (J.-A. H.).



En bibliothèque - Il n'y a d'autre édition complète des oeuvres d'Arrien que l'édition très fautive de Ch. Borheck et J. Schulze, Lemgo,1792-1811, 3 vol. - L'Anabase et l'Indica ont été édités souvent, au XIIIe siècle, par Gronovius, Leyde, in-fol., 1704, dont le travail a pris pour base un manuscrit de Florence, le Laurentianus (L), depuis complété avec trois manuscrits de la Biblioth. nationale (Parisinus A, B, C), par F. Duhner et C. Muller; Paris, 1856, 1868. - Ses oeuvres philosophiques ont été éditées entre autres par I. Scchweighäuser dans les Epicteteae Philos. Monumenta, vol. I et Il, Leipz. 1799, et par F. Duhner, Paris, 1840.
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