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Arioviste

Arioviste est un chef des Suèves, qui vivait dans la première moitié du Ier siècle avant notre ère. Les Suèves occupaient alors un vaste territoire limité par le Rhin, le Danube, le Naab et la forêt Buchonienne (Taunus); ils menaçaient la Gaule d'une invasion. Dans ce dernier pays, de nombreuses tribus rivales perdaient leurs forces dans d'incessantes querelles, au lieu de s'unir et d'opposer une masse compacte aux ennemis extérieurs, aux Germains et aux Romains

Les Eduens entre la Loire et la Saône, fiers du titre de nation amie et soeur du peuple romain, sous la sauvegarde de cette alliance redoutée, tyrannisaientt les autres nations galliques, les provoquait par mille prétentions insolentes. Les Séquanes souffraient particulièrement de ces vexations. Ils s'unirent aux Arvernes et appelèrent Arioviste à leur secours. Le Germain passa le Rhin avec 15,000 de ses guerriers. Il battit les Eduens, leur imposa un tribut. Séduit par la fertilité du sol, Arioviste attira vers lui une multitude de barbares, et, pour les établir, somma les Séquanes de lui céder le tiers de leur territoire à titre de solde. Les Séquanes comprirent les intentions de leur auxiliaire. Ils se rapprochèrent des Eduens et, unis à eux, marchèrent contre Arioviste. Les Gaulois furent vaincus près d'Amagetobria. 

Les prétentions d'Arioviste redoublèrent; au moindre accès de son humeur ombrageuse, il torturait les vaincus, et quelquefois les faisait périr dans les supplices. Il campait en plein air, promenait son armée de bois en bois, et ne connaissait d'abri que la voûte du ciel et la tente de peaux des guerriers germains. Il ne s'immisçait jamais dans les affaires domestiques des Gaulois, et les laissait librement se gouverner à leur guise; il les traitait en tributaires plutôt qu'en sujets (63). 

Les Eduens, par la voix du druide Divitiac, demandèrent l'appui des Romains. Le Sénat redoutait à ce moment une invasion des Helvètes : il s'assura par des présents et des flatteries la neutralité d'Arioviste.

Après sa victoire de Bibracte sur les Helvètes, César demanda une entrevue à Arioviste : 

« Si j'avais besoin de César, répondit le Suève, j'irais vers lui; s'il veut de moi quelque chose, qu'il vienne me trouver. » 
César lui enjoignit de ne plus attirer sur la Gaule des bandes germaines, de relâcher les otages des Eduens et des Séquanes. Arioviste ne reconnut pas aux Romains le droit de lui donner des ordres. Il demanda aux Séquanes un nouveau tiers des terres, et se tint prêt à toutes les éventualités. César, qui redoutait l'arrivée de tribus suèves dans le camp de son adversaire, résolut de prendre l'offensive. 

Il rencontra l'ennemi à quelques kilomètres au Nord de Vesontio (Besançon), vers le Rhin. Il eut une entrevue avec le barbare, mais ne put rien obtenir. César, averti qu'Arioviste, cédant à des craintes superstitieuses, ne voulait pas livrer bataille, sortit de son camp et commença l'attaque. La lutte fut acharnée (58). Arioviste, vaincu, s'enfuit vers le Rhin; il put le traverser sur un esquif et se retira sur ses terres où il mourut bientôt de désespoir.

Les Gaulois se souvinrent longtemps d'Arioviste. Un siècle plus tard, le Gaulois Cérialis, expliquant aux Lingons et aux Trévires qu'il avait battus, les causes de l'occupation de la Gaule par les Romains, leur disait qu'ils étaient intervenus non pas pour protéger l'Italie, mais pour empêcher qu'un autre Arioviste ne dominât sur la Gaule (Tacite, Hist. IV, 73-74). (Paumès).

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Dictionnaire biographique
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