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Antigone

Antigone, roi des Juifs, né vers 80 av. J.-C., mort en 37 av. J.-C. Antigone, dernier représentant de la maison illustre d'Asmonée, était fils d'Aristobule II, et neveu du second Hyrcan, en faveur de qui Pompée s'était prononcé en 63. La guerre éclata entre Pompée et César, et celui-ci, se rappelant qe Hyrcan était une créature de son rival, ne manqua pas de renvoyer Aristobule en Syrie. Mais en route les Pompéiens l'empoisonnèrent. Ce fut alors qu'Antigone parut sur la scène. Les malheurs de sa famille, la captivité qu'il avait lui-même subie, loin de l'abattre, avaient développé son ambition et exaspéré la haine qu'il portait à ses ennemis. Vaillant et résolu, il aurait eu facilement raison du faible Hyrcan, si celui-ci n'avait été soutenu par deux ministres bien supérieurs à Antigone, Antipater et son fils Hérode. Ces deux hommes comprenaient que s'attaquer à la puissance romaine était une chose absurde. Aussi préférèrent-ils se servir de cette puissance pour conserver à leur pays la plus grande autonomie possible. Ils eurent même l'habileté de mettre à profit les divisions des Romains, et, se tournant toujours du côté le plus fort, ils reçurent de toutes mains : Pompée était leur bienfaiteur; après sa défaite, ils se tournèrent vers César et l'assurèrent de leur dévouement. Ils firent mieux : lors de la révolte d'Alexandrie, Antipater amena un contingent à César, pour l'aider à se tirer d'embarras. Lorsqu'Antigone vint implorer le général romain, lui rappeler les malheurs de sa famille, son père empoisonné, son frère tué, lui-même réduit à la plus extrême misère, fut-il facile à Antipater de triompher de son ennemi. César débouta Antigone, et, pour témoigner sa reconnaissance à Antipater, partagea le pouvoir entre celui-ci et Hyrcan; il décida qu'Hyrcan exercerait les fonctions de grand-prêtre, et qu'Antipater administrerait le royaume.

Cette décision ruinait les espérances d'Antigone. Heureusement pour ce dernier que les Juifs étaient mal disposés pour ses rivaux. L'habile administration d'Antipater, les efforts de son fils Hérode pour expulser de la Galilée les brigands qui désolaient cette province, ne pouvaient faire oublier la naissance de ces deux hommes et l'origine de leur pouvoir. On leur reprochait d'être Iduméens; on leur en voulait surtout de leur soumission aux Romains; enfin on ne pouvait voir sans indignation qu'Hyrcan tremblât devant le gouverneur de Syrie. On se taisait pourtant, parce qu'on redoutait la puissance de Rome. Mais, quand ils apprirent le meurtre de César, les ennemis d'Antipater crurent le moment venu de prendre leur revanche. Leur espoir fut d'abord trompé; car lorsque Cassius vint en Asie pour se procurer de l'argent, non seulement Antipater n'essaya pas de résister au meurtrier de son bienfaiteur, mais encore il chargea ses fils de recueillir les 700 talents qui étaient demandés à la Judée. A peine Cassius s'était-il éloigné qu'un mouvement éclata, avec le but avoué de rendre à la Judée son ancienne indépendance. Les plus hardis parlèrent d'Antigone. Celui-ci se tenait à l'affût des événements, sur la frontière, avec une poignée d'hommes dévoués à sa cause. Il accourut aussitôt, fit alliance avec Marion, prince de Tyr, ennemi personnel d'Hérode, gagna les bonnes grâces du Romain Fabius, et remporta d'abord quelques avantages; mais il ne tarda pas à être battu par Hérode, et contraint de repasser la frontière. Antigone s'adressa aux Parthes, qui le ramenèrent à Jérusalem et lui livrèrent Hyrcan et Phasaël, frère d'Hérode. Quant à ce dernier, il échappa à toutes les poursuites, dispersa ses partisans dans l'Idumée, leur promettant de les revoir bientôt, et, après avoir erré quelque temps en Arabie et en Egypte, se rendit à Rome.

Antigone usa de ce retour de fortune pour  tirer une vengeance affreuse des ennemis de sa famille. Les Pharisiens furent décimés; Hyrcan eut les oreilles coupées, ce qui le mettait dans l'impossibilité de reprendre les fonctions de grand-prêtre; Phasaël se tua dans sa prison. Cependant Hérode, appuyé par Antoine et par Octave, obtint du Sénat romain le titre de roi des Juifs. Quand il arriva avec le décret qui le confirmait dans sa nouvelle dignité, il rencontra un appui dans le légat d'Antoine, Ventidius, qui venait de battre les Parthes. Bientôt Antigone se trouva réduit à la possession de Jérusalem, où son ennemi le tint étroitement bloqué. Une expédition qu'il tenta sur Jéricho, pour se procurer des vivres, fut dispersée par Hérode, et, pour comble de malheur, le nouveau lieutenant d'Antoine, Sossius, amena bientôt un renfort considérable aux assiégeants. Les Juifs se défendirent en désespérés; mais enfin il fallut se rendre. Antigone vint se jeter aux pieds de Sossius. Le Romain le reçut durement, l'accabla d'injures, le traita de femme, l'appelant Antigona, et, l'ayant chargé de fers, l'envoya à Antoine, qui le fit décapiter. (C. J.).

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Dictionnaire biographique
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