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Le mot sylphe
est employé par Paracelse pour
désigner les esprits élémentaires
dont il peuplait l'air (de la même façon que les Ondines
peuplaient l'eau). On suppose qu'il l'a emprunté à la langue
populaire où se serait perpétué le souvenir des Sulèves
ou Sulives fréquemment nommés sur les autels
votifs gallo-romains. Selon une autre hypothèse, ces êtres
surnaturels seraient plutôt issus à la théosophie-juive;
c'est dans les livres cabalistiques qu'on en
trouverait les premières traces. La poésie médiévale
s'est emparée du mot et de l'idée, a créé des
sylphides, ou sylphes féminins. Obéron
est le type le plus connu des sylphes. On les représentait sous
une forme svelte et légère, avec des ailes
transparentes aux épaules.
Les sylphes et sylphides de cette
mythologie moderne sont des esprits de l'air qui se distinguent éminemment
par leur grâce, et en général aussi par leur bon vouloir
pour l'espèce humaine. Ce sont quelquefois des êtres familiers
qui se rendent utiles à certaines familles et leur donnent de bons
conseils; enfin les sylphes, et surtout les sylphides contractent volontiers
des unions avec les humains et prennent dans ce cas la forme qui nous caractérise.
Ces esprits ont d'ailleurs intérêt à rechercher une
telle alliance; car lorsqu'elle a lieu elle leur assure, dit on, l'immortalité.
Toutefois, pour être heureux dans son ménage avec un sylphe
ou une sylphide, il est indispensable, non seulement d'avoir de la vertu,
mais encore des manières; car ces enfants de l'air sont susceptibles
à cet endroit, comme des dandys et des précieuses.
Une légende raconte qu'un jeune
seigneur de Bavière
était inconsolable de la mort de sa femme qu'il avait aimée
à l'idolâtrie. Une sylphide prit la forme de la défunte
et s'alla présenter à l'époux désolé,
disant que Dieu l'avait ressuscitée pour
le sortir de son extrême affliction. Ils vécurent ensemble
durant plusieurs années et eurent de très beaux enfants;
mais le seigneur n'était pas assez homme de bien et de bon goût
pour retenir la sage sylphide : il jurait, disait des paroles malhonnêtes
et sentait le tabac. Après de longues et infructueuses remontrances,
la sylphide disparut un jour, ne lui laissant que ses jupes et le repentir
de ne l'avoir pas écoutée. |
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