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Pierre du Dragon. - Parmi les légendes qui prirent naissance autour du mythe du dragon, la présence d'une pierre magique dans la tête de l'animal n'est pas la moins curieuse. Pline est le premier qui la mentionne (XXXVII), sous le nom de dracontite ou dracontie. Engendrée dans le cerveau du dragon, elle ne conserve sa valeur cabalistique qu'autant qu'elle est enlevée à un dragon vivant. Il paraît assez difficile d'y arriver, vu leur férocité; mais Sotacus explique que ceux qui la cherchaient montaient sur des chars et qu'aussitôt qu'ils apercevaient un dragon, ils s'élançaient vers lui, répandant des drogues assoupissantes qui l'endormaient. On lui enlevait alors la pierre pendant son sommeil. Pline (XXIX), parlant des vertus du dragon, rapporte que sa tête mise sons le seuil d'une porte fait le bonheur d'une maison, que ses yeux, en onguent, rendent les peureux braves, que la graisse de son coeur fait gagner les procès, que ses dents, portées dans une peau de chèvre ou de cerf, rend les princes favorables. 

Parallèlement à Pline, Hermès, dans ses Cyranides, mentionne à plusieurs reprises le pierre du dragon : c'est le remède contre le pissement de sang. Dans certains cas, il l'appelle Cynedia, mais c'est très probablement la pierre du chien de mer, qu'il nomme aussi plus loin ofimios. Les auteurs qui suivent Pline et Hermès n'hésitèrent pas à attribuer à la pierre du dragon toutes les qualités du dragon lui-même. Saint Isidore, Albert le Grand, Vincent de Beauvais ne font que répéter ce qu'en ont dit leurs prédécesseurs. Boot, au XVIIe siècle, au contraire, qui accepte si facilement les légendes, déclare n'en pouvoir parler, n'en ayant jamais vu. Suivant Panthot, au Moyen âge, l'escarboucle était regardée comme la pierre du dragon. Eclairant la nuit comme une lampe, elle avait été, d'après lui, donnée à ces animaux qui habitaient les cavernes pour suppléer aux défauts de leurs yeux affaiblis par la vieillesse.

La rareté de la pierre du dragon, que, d'ailleurs, personne ne connaissait, en même temps que la découverte de pierres gravées antiques dont le Moyen âge ne pouvait expliquer ni la facture, ni l'origine, fit attribuer à ces dernières, quand elles représentaient un dragon, une valeur cabalistique et médicale, relatée par Hugues Ragot. La pierre gravée d'un dragon force les esprits des ténèbres à obéir et à donner la richesse.

En alchimie, le mercure s'appelle le dragon.

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