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Les Jacobites

Jacobites. - Dès le règne de Justinien, les monophysites commencèrent à se séparer de l'Eglise impériale et à se constituer en communautés schismatiques. L'organisation de leurs églises en Syrie et en Mésopotamie fut l'oeuvre de Jacques Baradée (AI Baradai, Burdoho, c.-à-d. l'homme aux haillons, le mendiant ; Phaselita, vraisemblablement du nom d'un monastère; Zanvalus, le pauvre, le miséreux), né vers la fin du Ve siècle à Tela-Mauzalat (Constantina), ville de l'Osroène, à une vingtaine de lieues d'Édesse; mort en 578. Dès l'âge de-deux ans, il fut placé, en accomplissement d'un voeu de ses parents, dans un monastère, où il fut élevé sous la discipline de l'abbé Eusthatius. Il y étudia le grec et la littérature syriaque et s'exerça aux labeurs et aux privations du plus sévère ascétisme. A la mort de ses parents, il affranchit les esclaves qu'ils lui avaient laissés, et il donna leur héritage aux pauvres. Ses austérités lui valurent une grande reputation de sainteté. On lui attribua le don des miracles, et les malades vinrent auprès de lui, même de très loin. Il guérissait aussi à distance. 

L'impératrice Théodora l'appela à Constantinople et le reçut avec beaucoup d'honneur. Il se retira dans un des couvents de la ville et il y vécut quinze années dans une complète réclusion. Pendant ce temps, les monophysites de la Syrie et des contrées voisines étaient réduits à une lamentable détresse. Les évêques et les prêtres avaient été enlevés à leurs troupeaux et emprisonnés ou exilés. Beaucoup d'églises étaient privées des sacrements depuis dix ans, parce qu'elles refusaient de les recevoir de la main des hérétiques. Il ne restait plus des communautés monophysites que des débris menacés d'une complète destruction. Vers 541, les évêques monophysites qui se trouvaient à Constantinople, retenus dans une captivité plus ou moins déguisée, Théodose d'Alexandrie, Anthyme, patriarche déposé de Constantinople, Constance de Laodicée, Jean d'Égypte, Pierre et d'autres, consacrèrent Jacques, nominalement comme évêque d'Édesse, mais en réalité comme métropolitain, avec une autorité œcuménique. 

Bravant tous les périls, toutes les fatigues et toutes les privations, Jacques parcourut, sous les haillons d'un mendiant, l'Asie Mineure, la Syrie, la Mésopotamie et les contrées voisines, même les frontières de la Perse, ordonnant des évêques et des clercs, encourageant par ses exhortations et, après son départ, par ses lettres, ses frères persécutés à rester fermes dans leur foi. Il établit ainsi parmi eux une organisation et une discipline qui devaient les constituer en un corps solide. On évalue à 80 000 le nombre des clercs qu'il ordonna; Jean d'Éphèse dit 400 000; parmi eux,
89 évêques et 2 patriarches. L'empereur et les évêques catholiques usèrent de tous les moyens pour s'emparer de lui; mais l'amitié des tribus arabes et de leurs chefs, le dévouement des fidèles et son endurance aux fatigues et à la faim déjouèrent les entreprises de ses ennemis. Il fonda le patriarchat œcuménique d'Antioche, dont il fut le premier titulaire et qui comptait seize diocèses. C'est en honneur de sa mémoire que les membres de ces églises portent le nom de jacobites.

Au début du XXe siècle, il en reste encore environ 70 000 en Syrie et en Mésopotamie (Irak). Ils ne reconnaissent que les trois premiers conciles oecuméniques : Nicée, Constantinople et Éphèse; ils invoquent les saints, vénèrent la Vierge et croient à la Transubstantiation. Ils ont une vingtaine d'évêques et un patriarche qui porte toujours le nom d'Ignace, pour bien constater qu'il est le successeur de saint Ignace, qui fut le troisième évêque d'Antioche. Quoiqu'il s'appelle patriarche d'Antioche, il réside au couvent de Saphran au Nord-Ouest. de Mossoul. Son coadjuteur, dit primat, demeure au couvent de Saint-Matthieu, dans la même contrée. (A19).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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