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Indra

Indra, le premier des huit Vaçous (Vashous) dans la religion de Brahma. C'est un des dieux principaux des Hindous; c'est le roi du ciel, de l'éther et du jour, le roi des bons génies, le maître des nuages de la foudre et de la pluie. On le compare au Diespiter des Latins. Indra est souvent représenté assis sur l'éléphant Iravat, avec quatre bras, et tenant d'une main une fleur de lotus. Son règne dure cent années divines, c'est-à dire 211 trillons 40 billions d'années humaines, après lesquelles un autre parmi les dieux, les asouras ou les humains, s'élève par son mérite a cette dignité suprême. C'est pourquoi ce dieu surveille attentivement les saints et les pénitents dont les austérités et les vertus portent ombrage à son pouvoir, et emploie toutes sortes de moyens et d'artifices pour leur faire perdre le fruit de leurs mérites trop éminents. Un mortel peut encore parvenir au rang d'Indra par le sacrifice aswamédha répété cent fois; fort heureusement pour le roi actuel du ciel, il est presque impossible de l'accomplir, même une seule fois. 

D'après les légendes hindoues, Nahoucha, roi de Pratichthana, parvint un jour à détrôner Indra, par cent oblations de l'aswamédha; mais son règne fut de courte durée. Or le cours d'une création, appelé kalpa, est partagé en quatorze périodes, dont chacune est régie par un Indra particulier. La couleur caractéristique d'Indra est le blanc; on le représente assis sur un éléphant, la main droite armée du tonnerre, et la main gauche d'un arc; son corps est couvert d'yeux au nombre de mille. On voit par celte description qu'Indra est la personnification de l'air ou du ciel, car l'arc-en-ciel est son arc, et ses mille yeux sont les étoiles; son foudre et sa qualité de roi du ciel est font un Jupiter aux yeux des Latins. Il est aussi un des dix gardiens des points cardinaux, sa station est fixée à l'Est. 

Sa résidence est dans la ville céleste d'Amaravati , au milieu du swarga (Indraloka) ou ciel; son parlais a été construit par Viswakarma, et tout y est d'une magnificence extrême; l'or et les pierres précieuses y brillent de toutes parts. On y trouve tous les plaisirs réunis; ce sont des danses et des chants continuels; c'est le théâtre où s'exercent sans interruption les talents musicaux et chorégraphiques des gandharvas et des apsaras; c'est le rendez-vous de tous les deux et des génies bienfaisants. L'épouse d'Indra est Satchi; de là vient qu'on l'appelle Satchipati (seigneur de Satchi). On lui donne encore une multitude de surnoms et d'épithètes, au nombre desquels il en est un qui fait allusion à une tradition mythologique assez singulière. Jadis les montagnes avaient des ailes, et pouvaient ainsi se transporter de côté et d'autre, de manière qu'il leur arrivait souvent d'écraser des cités entières. Indra leur brûla les ailes avec sa foudre; c'est depuis ce temps qu'elles sont restées stationnaires.

Les Puranas sont remplis de légendes de toute espèce dont ce dieu est le héros; on lui prête un caractère extrêmement porté au plaisir, et on le voit souvent engagé dans des aventures galantes, dont il ne sort pas toujours avec honneur. C'est ainsi qu'il séduisit Ahalya, femme de Gautama, son directeur spirituel , en prenant la forme de son mari. Mais si nous remontons au delà des Puranas, et si nous consultons les Védas, Indra ne joué plus un rôle secondaire dans la mythologie hindoue; il apparaît alors sous les traits d'un autre Zeus, vainqueur des Titans, et possesseur jaloux de l'Olympe. Il est le dieu suprême et sans rival , le maître absolu du ciel, commandant à une infinité de puissances subordonnées; il est le pouvoir agissant, dont tous les autres pouvoirs célestes ne sont que les ministres, et c'est à lui seul que reviennent les louanges qui leur sont adressées. 

« Lui-même, il est immense, dit Nève, dans son Essai sur le mythe des Ribhavas, il est le dieu remplissant tout, et, à cet égard, on pourrait l'appeler le premier-né du panthéisme indien, quoique l'on retrouve çà et là dans ses louanges les caractères essentiels d'une divinité créatrice.
« Résidant aux confins de cet espace éthéré, fort de ta propre force, maître d'une intelligence invincible, ô Indra, tu as fait, pour notre bien, la terre image de ta puissance : tu environnes et tu possèdes l'atmosphère, l'air, le ciel.

Tu es l'image de la terre; tu es le soutien du ciel immense, plein d'une force resplendissante; tu remplis l'air de ta grandeur : certes, personne n'est semblable à toi.

Toi que le ciel et la terre ne peuvent contenir; toi dont les torrents de l'air [les masses des nuages] n'atteignent point la limite, personne ne possède ta force, tandis que tu combats avec joie (Vrita) retenant pour lui les eaux de la pluie : seul, tu as fait complètement tout ce qui existe autre que toi. »

Dans plusieurs passages des hymnes du Rigvéda, continue Nève, la poésie fait agir Indra en maître absolu du firmament :
« Loué par les fils d'Angiras, ô être admirable! tu as repoussé l'obscurité par l'aurore, par le soleil, par ses rayons : tu as manifesté au loin la hauteur de ta terre, ô Indra! tu as soutenu la basé resplendissante du ciel. » 
Ailleurs le même Indra est comparé au soleil en force et en éclat : 
« Comme le soleil , disent les chantres, dans la région de l'air supérieure et vénérable, il a supporté le ciel et la terre, fort de ses belles actions. » 
Ailleurs encore, Indra ramène et soutient le soleil dans les hauteurs du ciel pour qu'il voie tout, pour qu'il éclaire l'univers. lndra, mis plus tard au second rang, dans la hiérarchie divine du brahmanisme, n'en a pas moins conservé les attributs de roi des dieux, ainsi que les prérogatives d'une cour céleste; mais le règne véritable d'Indra, c'est la période du sabéisme hindou, pendant laquelle il n'a d'autres rivaux que les deux grands pouvoirs lumineux, le feu et le soleil, pouvoirs associés au sien, ou confondus avec le sien. Non seulement, du haut des airs, Indra veille au bien-être des humains , dissipe par le souffle des brises les exhalaisons pestilentielles qui les atteignent, et leur envoie la nourriture que fournit en abondance la terre fécondée par les pluies; mais encore, il défend les serviteurs qui lui sont fidèles contre des agresseurs barbares, il donne la victoire aux bergers qui sacrifient sur les êtres sanguinaires, étrangers aux idées de justice et d'humanité; il déjoue en faveur des hommes les ruses des hordes impies, comme il déjoue la magie du sombre Vrita et de ses ennemis célestes. »
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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