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Bethsabée

Bethsabée (personnage de la Bible),  fille d'Eliam ou d'Ammiel, femme d'un officier de David, du nom d'Urie, fut violée par David qui, pour se débarrasser de son mari, le fit tuer dans une sorte de guet-apens. Cela fait, il l'épousa et en eut Salomon. Bethsabée insista auprès du roi vieilli pour que sa couronne passât à Salomon, au mépris du droit d'aînesse, d'après lequel elle revenait à un fils né d'un précédent mariage (2, Samuel, XI, XII, 1 Rois, I). (GE).
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Matsys : David et Bethsabée.
David et Bethsabée, par Jan Matsys (1562).

Le mythe de Bethsabée.
Bethsabée demeurait à Jérusalem, en une maison qui était assez près du palais de David. Ce prince s'étant un jour levé de dessus son lit, après avoir fait une sieste, monta sur la terrasse de son palais et aperçut, dans la cour ou dans le jardin d'une maison voisine, Bethsabée qui se baignait. Comme cette femme était d'une rare beauté, David envoya demander qui elle était. On lui dit que c'était Bethsabée, femme d'Urie, Hélhéen. Aussitôt il la fit venir, et en abusa. Elle retourna chez elle, se purifia et, quelque temps après, elle envoya dire à David qu'elle était enceinte. Après cela, David manda à Joab, général de son armée, qui était alors occupé au siège de Rahbat, capitale des Ammonites, de lui envoyer Urie. Joab obéit, et Urie étant arrivé, David lui demanda des nouvelles de ce qui se passait à l'armée, et ensuite lui dit de s'en aller en sa maison, de se laver les pieds, et de se reposer. En même temps, il Iui envoya des mets de sa table, afin qu'il bût et mangeât dans sa maison, avec sa femme. David croyait par là cacher son viol, parce que le fruit qui naîtrait de Bethsabée passerait pour être d'Urie, si celui-ci retournait dans son logis, et passait la nuit avec sa femme.

Mais Urie, au lieu d'aller dans sa maison, passa la nuit avec les autres gardes du roi, à la porte du palais. David en ayant été averti, lui dit : D'où vient qu'au retour d'un voyage, vous n'êtes point allé chez vous? Urie lui répondit : L'arche du Seigneur et tout son, peuple demeurent sous des tentes; Joab mon seigneur, et les serviteurs de mon seigneur couchent dans le camp, à plate terre, et moi cependant j'irais en ma maison boire et manger, et dormir avec ma femme? Je jure, par la vie et par le salut de mon roi, que je ne le ferai jamais. Le lendemain, le roi le fit venir à sa table, et l'enivra. Mais Urie, au lieu d'aller dans sa maison, coucha dans son lit, avec les autres gardes du roi; car il était au service de David, et, comme l'on croit, un de ses gardes. David, voyant qu'il ne pouvait réussir à cacher sa faute par cette voie, résolut de se défaire d'Urie, et d'épouser Bethsabée. Il envoya donc des ordres à Joab, d'exposer Urie au plus grand danger, afin qu'il y demeurât. Urie fut porteur de ces ordres, et ils furent trop ponctuellement exécutés.

Bethsahée ayant appris la mort de son mari, en fit le deuil à l'ordinaire; et, après que le temps du deuil fut passé. David la fit venir dans sa maison, et l'épousa peu après, elle enfanta un fils. Or, cette action déplut extrêmement à Dieu, et il envoya le prophète, Nathan vers David, pour lui faire des reproches de son crime. Nathan lui proposa la parabole d'un homme riche, qui, ayant grand nombre de brebis et de boeuf, au lieu de prendre dans ses troupeaux de quoi régaler un ami qui lui était venu de la campagne, alla chez un pauvre qui n'avait du tout qu'une brebis, la lui prit, et la donna à manger à son ami, qui lui était arrivé de dehors. David ne se reconnut pas d'abord dans ce portrait; mais il dit à Nathan : Vive le Seigneur! Celui qui a fait que action est digne de mort, il rendra la brebis au quadruple. Alors Nathan lui dit : C'est vous-même qui êtes cet homme! Et continuant à lui reprocher son ingratitude et son infidélité envers le Seigneur, qui l'avait, comblé de biens, il lui fit de grandes menaces, et lui dit : Le glaive ne sortira point de votre maison; je prendrai vos femmes à vos yeux, et je les donnerai à un autre; vous avez fait cette action en secret, et moi je la ferai contre vous, à la vue de tout Israel et à là vue du soleil qui nous éclaire

David dit à Nathan : J'ai péché contre le Seigneur. Nathan répondit : Le Seigneur a transféré la peine de votre péché; vous ne mourrez point; mais l'enfant qui vous est né perdra la vie. En effet, l'enfant fut frappé du Seigneur, et bientôt sa santé fut désespérée. David pria le Seigneur pour l'enfant; il jeûna, il se retira en particulier, et demeura couché sur la terre. Les principaux; de sa maison vinrent le prier de se lever et de prendre de la nourriture; mais il le refusa et se tint dans cet état d'humiliation et de pénitence. Le septième jour, l'enfant mourut, et les serviteurs de David n'osaient le lui dire. Mais s'étant aperçu de leur embarras, et ayant su qu'il était mort, il se leva de terre, alla au bain, s'oignit d'huile, changea d'habit, entra dans la maison du Seigneur, l'adora, revint dans sa maison, et prit de la nourriture. Ses officiers, étonnés de cette conduite, qui leur paraissait si singulière, lui en demandèrent la cause, et il leur dit : J'ai jeûné et j'ai pleuré, tandis que l'enfant a été en vie, parce que je pouvais encore espérer que le Seigneur lui rendrait la santé; mais à présent qu'il est mort , pourquoi jeûnerais-je et pleurerais-je? Est-ce que je puis encore le faire revivre? C'est moi que irai vers lui; pour lui , il ne reviendra jamais à moi.

Après cela, David consola Bethsabée, et elle conçut un second fils, qui fut nommé Salomon. Nathan vint dire à David que le Seigneur aimait cet enfant, et il lui donna le nom de Jédidiah, c'est-à-dire le bien-aimé du Seigneur. Par la suite, Dieu déclara  qu'il régnerait après David, qu'il lui bâtirait un temple, qu'il serait comblé de sagesse, de biens et de lumières. Sur la fin du règne et de la vie de David, Adonias s'étant formé un parti, prétendit qu'en vertu du privilège de son âge, il régnerait préférablement à Salomon, qui était beaucoup plus jeune que lui. Nathan en donna avis a Bethsabée, et lui conseilla d'en aller parler au roi, lui promettant qu'il irait lui-même appuyer tout ce qu'elle lui aurait dit.

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Rembrandt : la toilette de Bethsabée.
Bethsabée avec la lettre de David, par Rembrandt (1654).

Bethsabée alla donc trouver David, elle s'inclina profondément en sa présence, et David lui ayant demandé ce qu'elle souhaitait, elle dit : Mon seigneur, vous avez promis avec serment à Salomon, mon fils, votre serviteur, qu'il régnerait après vous et qu'il serait assis sur voire trône; cependant voilà Adonias qui s'est fait roi sans que vous le sachiez, ô roi mon seigneur, il a immolé grand nombre de victimes, et il a fait un grand festin, auquel il a convié tous les enfants du roi, avec le grand-prêtre Abiathar et Joab, général de vos armées; mais il n'y a pas invité Salomon, votre serviteur. Cependant tout Israel a les yeux sur vous, mon seigneur, attendant que vous leur déclariez qui doit être assis sur votre trône après vous. Car après que le roi mon seigneur se sera endormi avec ses pères, nous serons traités comme criminels, moi et mon fils Salomon.

Elle parlait encore au roi lorsque le prophète Nathan arriva. On l'annonça, et lorsqu'il fut entré, il se baissa profondément de vant le roi et lui dit : Ô roi, mon seigneur, avez-vous ordonné qu'Adonias régnâti après vous, et qu'il s'assit sur votre trône; car le voilà qui a fait aujourd'hui un grand festin aux fils du roi, au grand-prêtre Abiathar et aux généraux de l'armée, et ils ont crié : Vive le roi Adonias. Mais il n'a invité ni le grand-prêtre Sadoc, ni Banaïas, fils de Joïada, ni Salomon, ni moi qui suis votre serviteur. Le roi ordonna aussitôt que l'on fit revenir Bethsabée, et lorsqu'elle fut entrée, il lui dit : Vive le Seigneur, qui m'a délivré de tant de dangers; je veux exécuter aujourd'hui la promesse que je vous ai faite avec serment, en disant Salomon, votre fils, régnera après moi. Bethsabée, se prosternant le visage contre terre, lui dit : Que David mon seigneur vive à jamais. Le roi ajouta : Qu'on me fasse venir Sadoc, Nathan et Banaïas. Lorsqu'ils furent arrivés, il leur dit : Faites monter sur ma mule mon fils Salomon et menez-le à Gihon; que le grand-prêtre Sadoc et le prophète Nathan le sacrent en ce lieu-là, et que l'on sonne de la trompette, en criant : Vive le roi Salomon. De là vous retournerez ici et vous le ferez asseoir sur mon trône. Il règnera en ma place, et je lui ordonnerai de gouverner Israel et Juda. Tout cela fut exécuté, et après la mort de David, Salomon régna paisiblement sur tous ses états.

Or, Adonias voyant Salomon assis sur le trône de David, vint trouver Bethsabée, et lui dit : Vous savez que le royaume m'appartenait, et que tout Israel m'avait choisi pour son roi; mais le Seigneur en a disposé autrement, et le royaume a été donné à Salomon. Maintenant donc je n'ai qu'une petite grâce à vous demander, qui est que Salomon m'accorde Abisag de Sunam, afin que je l'épouse. Bethsabée lui promit d'en parler au roi, et en effet elle l'alla trouver. Salomon, la voyant, se leva de son trône, vint au devant d'elle, la salua profondément, s'assit sur son trône, et commanda que l'on apportât aussi un trône pour sa mère, à sa main droite. Bethsabée lui dit : Je n'ai qu'une petite grâce à vous demander, je vous prie de ne me la pas refuser. Salomon lui dit : Ma mère, vous pouvez parler, car il ne serait pas juste de ne pas vous renvoyer contente. Elle lui dit : Donnez pour femme Abisag de Sunam à Adonias, votre frère. Salomon, pénétrant l'intention d'Adonias, dit à sa mère : Pourquoi demandez-vous Abisag pour femme à Adonias?
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Cranach : Bethsabée et David.
Veronese : Bethsabée et David.
Bethsabée et David, par Cranach (1526) et, à droite, par Véronèse (détail, 1575).

Que ne demandez-vous aussi pour lui le royaume? Vous savez qu'il a pour lui le grand-prêtre Sadoc et Joab, fils de Sarvia, général les troupes, et qu'il est mon aîné. Je jure par ma vie et par mon trône qu'Adonias mourra aujourd'hui. En effet, il envoya Banaïas, fils de Joïada, qui perça Adonias et le tua. Depuis ce temps, il n'est plus parlé de Bethsabée.

Le premier livre des Paralipomènes et le second livre des Rois, nomment d'autres fils de Bethsabée, qui sont Simma ou Samna, Sobab et Nathan, outre Salomon, dont nous venons de parler. Quelques interprètes croient que ces trois fils : Sanma, Sobab et Nathan, étaient fils d'Urie le héthéen; mais la plupart soutiennent qu'ils étaient fils de David. Le texte du second livre des Rois est formel pour ce sentiment, et saint Luc nous donne la généalogie de Nathan, fils de David, comme l'un des aïeuls de Jésus. L'endroit que l'on cite des Proverbes  où Salomon dit qu'il a été le fils bien-aimé de son père et le fils unique de sa mère, ne prouve autre chose que la tendre prédilection de David et de Bethsabée envers lui, à cause des promesses de Dieu et des faveurs qu'il lui avait faites.

On a prétendu que le chapitre XXXI des Proverbes est une instruction que Bethsabée donna à son fils Salomon et que ce prince, pour en consacrer la mémoire, voulut exprès la placer dans le recueil de ses proverbes ou de ses maximes de morale.

Bethsabée dans les arts.
Bethsabée au bain est un sujet qui a été traité par un grand nombre de maîtres, notamment par Raphaël, Palma le Vieux, Cranach l'Ancien, Rembrandt, etc. Chez les modernes, J.-F. de Troy a peint une Bethsabée qui est au musée d'Angers; Robert-Fleury est I'auteur d'une composition du même caractère, inspirée de de Rembrandt.
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Matsys : Bethsabée au bain.
Matsys : Bethsabée au bain.
Bethsabée au bain, surprise par David
par un anonyme florentin du XVIIe s. et, à droite, par J. Matsys (XVIe s.).

Bethsabée surprise au bain par David, Diane surprise par Actéon et la Chaste Suzanne sont trois variantes d'un même thème artistique, qui a inspiré une foule peintres et de sculpteurs. Une gravure de Cornelis Matsys, datée de 1549, représente Bethsabée entourée de ses suivantes et sortant du bain pour recevoir un message amoureux, que lui envoie le roi David. 

L'Histoire de Bethsabée a été gravée par Pierre Gaultier, d'après Solimène, et part J.-B. Corneille.  La scène du bain a  été gravée par Hans Brosamer, par Albert Claas, par Audenaerde, d'après Carlo Maratte; par J. Chéreau, d'après J. Raoux; par Fred. Horthemels, d'après Carle Vanloo, etc.

Parmi les nombreuses figures de Betlhsabée que l'on doit à la statuaire, nous rappellerons celles d'Oudiné (1861), et de J. Blanchard (1871). (D. Calmet / NLI).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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