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Les ordres mendiants
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Sous le titre d'Ordres religieux augustins, nous présentons des institutions diverses, mais qui toutes se réclament du nom de saint Augustin et se rapportent soit au développement du régime monastique, soit à l'adaptation de ce régime à l'organisation du clergé proprement dit. 

A l'époque où Augustin, déjà en voie de conversion et aspirant au mariage, venait de renvoyer sa première concubine, plusieurs de ses amis et lui conçurent le projet de se retirer du commerce du monde, pour achever leurs jours dans la douceur d'un loisir qui ne serait troublé par aucune sorte d'affaires : chacun apporterait tout ce qu'il pourrait avoir, et de tous ces biens on ferait une masse que l'amitié rendrait commune. Deux économes, alternativement choisis parmi eux, seraient chargés de l'administration, tandis que les antres resteraient en repos. Ils comptaient sur environ dix personnes; et dans ce nombre, il y en avait de fort riches, particulièrement Romanien, natif de Thagaste comme Augustin, et à qui il adressa plus tard ses livres Contre les académiciens et Sur la vraie religion. Ce plan s'évanouit quand ils se demandèrent comment leurs femmes s'accommoderaient d'une telle vie; car plusieurs en avaient déjà, et Augustin aussi voulait en avoir une (Confessions, I. VI, ch. XIV). 

Lorsqu'après sa conversion il se fut retiré à Thagaste, Augustin reprit ce projet et le réalisa avec quelques amis, mais dans des vues et des conditions essentiellement différentes. Les femmes furent rigoureusement exclues. Cette communauté suivit son fondateur à Hippone (Annaba) et elle prit une grande importance, Augustin y recrutant de préférence les membres de son clergé; elle forma même pour toute la Numidie des hommes d'église, dont plusieurs devinrent évêques eux-mêmes et établirent dans leurs diocèses des institutions analogues, que les séminaires peuvent compter parmi leurs ancêtres.

D'autre part, sans imposer péremptoirement aux prêtres et aux diacres la renonciation à toute propriété personnelle, Augustin professait que Dieu et son église devaient leur suffire et il ne conférait d'office qu'à ceux qui s'engageaient à vivre avec leurs collègues dans une entière communauté de biens. On a cru trouver dans cette organisation l'origine du régime canonial. Augustin fonda aussi des monastères de femmes. 

Il est vraisemblable que ces institutions disparurent au milieu de l'ébranlement produit en l'église d'Afrique par l'invasion des Vandales. Mais l'autorité d'Augustin subsista toujours trop vivante, pour qu'aucune de ses conceptions put être atteinte d'une complète caducité. Au Moyen âge, à une époque qui n'a pas encore été déterminée exactement, on composa une règle de Saint-Augustin, extraite de divers passages de ses sermons De moribus clericorum et d'une de ses lettres, la 211e de l'édition bénédictine. On ne trouve pas cette règle avantle XIe siècle; mais dès la fin de ce siècle, elle fut adoptée par certains chapitres, pour la réforme du régime canonial, qui fut entreprise alors. Les chanoines qui s'y soumirent furent appelés chanoines réguliers de Saint-Augustin ou simplement chanoines réguliers.

Il importe de ne pas confondre ces chanoines avec les frères ermites de Saint-Augustin. Au XIIe siècle, principalement en Italie, il s'était formé de nombreuses communautés d'ermites, sous divers noms et diverses observances. La plupart, cependant, avaient pris saint Augustin pour patron. En 1244, le pape Innocent IV leur enjoignit de se réunir en un seul corps, sous la règle de Saint-Augustin; en 1252, il fut obligé de réitérer cette injonction. Alexandre IV donna à d'ordre ainsi contraint de se former le cardinal Richard pour protecteur. En 1256, dans un grand chapitre tenu à Sainte-Marie-du-Peuple, ce cardinal fit élire pour général Lanfranc Septala de Milan et on divisa l'ordre en quatre provinces : l'Italie, la France, l'Espagne et l'Allemagne. Ces dispositions furent approuvées par le pape, qui exempta les, augustins de la juridiction des évêques. 

Les Guillemites de Bourges, quoiqu'ils eussent envoyé des députés au chapitre général, refusèrent de s'incorporer à cet ordre. On leur laissa leurs constitutions, et ils prirent le nom de Petits Augustins, parce qu'ils portaient l'habit plus étroit et plus court. Le couvent qu'ils possédaient à Paris, avant la Révolution, leur avait été donné, en 1600, par Marguerite de Valois, alors repentante. Il sera occupé ensuite par l'hôpital de la Charité. 

Les Augustins finirent par compter 42 provinces, 2000 couvents, 30000 membres. En 1556, Pie IV les classa parmi les quatre ordres mendiants, mais en leur attribuant le dernier rang, après les Dominicains, les Franciscains et les Carmes. Cependant leur réunion en un ordre unique était plus nomina le que réelle. Dès le XIVe siècle, on les trouve divisés en congrégations particulières d'lliliceto, de Carbonnières, de Crémone, de Gênes, de Saxe, etc. C'est à cette dernière que Luther appartenait. 

Une réforme, commencée au Portugal par Thomas de Jésus (1574) et qui fut approuvée, en 1588, par un chapitre général tenu à Tolède, détermina une nouvelle subdivision de l'ordre. Ceux qui l'adoptèrent furent appelés Augustins déchaussés. Ils portaient la barbe longuee. Leurs statuts furent confirmés, en 1589, par Sixte V. Ces religieux s'établirent en France, sous Henri IV (1596). Louis XIII fit construire pour eux (1629), en souvenir de la prise de La Rochelle sur les Calvinistes, le couvent de Notre-Dame-des-Victoires, qui fut appelé par le peuple les Petits-Pères, à cause de la petite taille des fondateurs, les pères Hamet et Mathieu de Saint-François. Louis XIV leur donna des armoiries.

Les Grands Augustins avaient été établis à Paris, dès 1259, dans une maison située près de la Seine, en un emplacement indiqué aujourd'hui par le quai et la rue qui portent leur nom, là où fut installé ensuite le marché de la Vallée. 

Enfin, il y avait un Tiers ordre de Saint-Augustin, composé de pénitents laïques. (E.-H. Vollet).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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