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Les Ammonites
Les Ammonites sont un peuple ancien, établi sur les plateaux de la rive orientale du bas Jourdain, dans la Syrie méridionale et qui ne nous est guère connue que par le souvenir que les livres bibliques ont gardé de ses relations, la plupart du temps hostiles, avec les Israélites. 

On assurait ainsi que Saul était accouru à la défense de la ville de Jabès, située sur la rive gauche du Jourdain et dont les Ammonites serraient de près les habitants et qu'il avait remporté sur l'ennemi une brillante victoire; mais ce fait est présenté avec des couleurs tellement forcées qu'on ose à peine en retenir le fond (I, Samuel, XI). De David, on nous rapporte qu'il entretint des relations amicales avec un roi du nom de Nahas, mais vit ses envoyés insultés par son fils et successeur, déclara alors la guerre aux Ammonites, s'empara de leur capitale Rabbath Ammon après un siège difficile et la livra au pillage (Il, Samuel, XI et XII). A différentes reprises, ils ont encore maille à partir avec les rois de Juda.

Les relations amicales des Ammonites avec les Hébreux s'expliquent par le voisinage et, autant qu'on peut le savoir, par une communauté assez étroite de langue et de civilisation; mais ce même voisinage, en l'absence de frontières naturelles, ne pouvait manquer d'amener des conflits, les Ammonites aspirant à posséder la rive même du Jourdain, les Israélites travaillant à les refouler dans la direction du désert arabe. Un curieux texte du Livre des Juges raconte, sous une forme entachée de l'exagération la plus visible, que les revendications des Ammonites sur la territoire de la tribu de Gad (Galaad) amenèrent une lutte, où un certain Jephté battit ceux-ci d'une façon complète et leur enleva des villes (chap. XI), Y a-t-il sous ce récit un fait historique, cela est fort douteux ; mais il y faut relever une théorie très intéressante, en vertu de laquelle les Israélites reconnaissaient expressément les droits des Ammonites sur les régions situées au delà du torrent de Jabboq, mais niaient ces droits pour les parties sises en deçà, sous le prétexte qu'ils les avaient eux mêmes enlevées aux Amorrhéens, toutefois sans contester que les Amorrhéens, pour leur part, les eussent précédemment prises aux Ammonites. 

Le fond de ceci est, sans doute, que les deux nations israélite et ammonite, à partir du moment ou elles furent assez fortement constituées pour chercher à assurer leurs frontières, eurent constamment entre elles des frottements plus ou moins pénibles (V. outre Juges, chap. XI, Deutéronome, II, 16 suiv.). Pour l'époque antérieure à David et à Saül (XI siècle avant l'ère chrétienne), le mieux est d'avouer que l'on ne sait rien de précis.

Lors de la restauration qui suivit l'exil de Babylone, il est question de mariages de Juifs avec des femmes ammonites, qui excitèrent le mécontentement des chefs du nouvel ordre de choses. Les relations politiques continuèrent d'être mauvaises. Après les conquêtes d'Alexandre, la capitale Rabba prend le nom de Philadelphie. Les Hébreux, en dépit de la vilaine légende de l'origine incestueuse de Moab et d'Ammon, pères éponymes des Moabites et des Ammonites (Genèse, chap. XIX), ont gardé le sentiment très vif de la parenté qui les unissait à ces deux peuples. 

Il semble que les Ammonites, après avoir atteint de bonne heure un niveau de civilisation assez élevé, aient trouvé dans leur isolement une circonstance défavorable à un développement plus complet et à une sérieuse extension; bornés au Nord par les Syriens, à l'Est par les Israélites, au Sud par les Moabites, à l'Ouest par le désert, ils n'ont réussi qu'à maintenir longtemps leur nationalité et leur indépendance. Leur langue devait être, à très peu près, l'hébreu; en fait de religion, nous connaissons le nom de leur dieu national, Mikom ou Molok, analogue, selon toutes les apparences et au moins dans le principe, au Kamos des Moabites et au Yahveh des Israélites. (M. Vernes).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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