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Acrisius

Acrisius, Akrisios, est, dans la mythologie grecque, l'arrière-petit fils de Danaüs, et le quatrième roi de la dynastie danaïde d'Argos, selon la mythologie grecque, et grand-père de Persée. Il eut pour père Abas (le fils d'Hypermnestre et de Lyncée), et pour mère l'Arcadienne Brasée (Apollodore. II, 11) ou Aglaé (Euripide, Oreste, 965). Il vint au monde avec Proetus, qui devait être pour lui un rival, plutôt qu'un frère. Antagonistes avant que de naître ils se battaient dans le sein maternel. 

A la mort d'Abas la discorde éclata. Chacun voulait régner. La guerre se termina par le triomphe d'Acrisius, et Proetus s'enfuit à la cour d'Iobate, autrement Amphianax, en Lycie, d'où un peu plus tard on le voit revenir pour former un établissement à Tirynthe, en Argolide comme Argos, avec les Cyclopes. Pour Acrisius, époux d'Eurydice et père de Danaé, il apprend par la voix de l'oracle (ou , si l'on veut, de Phémonoé) que son petit-fils lui donnera la mort. Tremblant, il condamne sa fille à une éternelle stérilité. Un cachot d'airain, des gardes, des meutes vigilantes lui garantissent, avec la virginité de sa fille, l'impossibilité de donner le jour à un rejeton parricide. 

Mais qui peut résister à Zeus? La pluie d'or inonde la tour de bronze, la tour naguère inféconde, La captive est mère. Eurymédon, que plus tard on nommera Persée, respire. L'aïeul s'emporte à cette nouvelle et commande de jeter les deux infortunés dans les flots. On obéit; mais l'onde, moins cruelle que le prince, respecte la vie des victimes et les dépose à Séripho sur la grève. Ils y trouvent appui, protection. Persée grandit bientôt, et quand déjà ses exploits, ses dangers, ses victoires, l'ont rendit célèbre, il veut revoir sa cité, embrasser son aïeul et se réconcilier avec lui. 

Acrisius, qui n'a cessé de trembler au souvenir de l'oracle, s'enfuit précipitamment de sa capitale et arrive en Thessalie. Un fatal hasard dirige du même côté les pas de Persée qui veut assister aux jeux funèbres que donne le roi de la contrée, et le disque lancé parson bras étend son grand-père sur le sab!e de Larisse (Apollodore, pass. d°; le scholiaste d'Apollonius de Rhodes, sur IV, 1091, 1515; Pausanias, II, 15, 16). 

N'oublions pas ici les variantes connues :

1° Acrisius a vu son royaume envahi, son trône occupé par Proetus; Persée les lui rend; mais il craint que cette générosité ne soit un piège, et il continue, soit de fuir, soit de se cacher. 

2° Acrisius aspire lui-même à se réconcilier avec sa fille et Persée : il aborde à Séripho. Il y meurt, frappé aussi du disque, aussi à des jeux funèbres; mais aux jeux funèbres donnés sur la tombe de Polydecte.

Anciennes interprétations du mythe

L'interprétation historique.
Ceux qui, autrefois, voulaient voir partout l'histoire n'ont pas eu de peine à grouper les traits mythiques qui composent la physionomie d'Acrisius. Ainsi pour eux antipathie mortelle entre deux jumeaux héritiers présomptifs de la couronne; un peu plus tard guerre, puis après des événement divers (secours apportés par le roi de Lycie au moins heureux des deux concurrents), partage de l'antique monarchie d'Inachus en deux empires, Argos et Tirynthe, voilà la première moitié du mythe tout expliquée. L'autre n'offre pas plus de difficulté. 

Le monarque argien, qui n'a qu'une fille, redoute son gendre futur : il voue la vierge, cause innocente de ses craintes, à un célibat éternel; il l'enferme; l'or ouvre les portes de la prison. C'est Proetus lui-même qui séduit ainsi sa nièce dans l'ombre. Mais bien tôt la vérité se fait jour : immuable dans ses résolutions, Acriusus veut qu'on se débarrasse à tout prix des infortunés qu'il redoute. On les jette à la mer dans une frêle embarcation : le prodige qui les sauve n'en est pas un. Que la mère et le fils doivent la vie à un pêcheur de Séripho; qu'ils soient accueillis par le roi; que l'enfant, arrivé à l'âge d'homme, se signale par des tentatives brillantes, aventureuses, et toujours justifiées par le succès; qu'il veuille alors reparaître à la cour paternelle; que le grand-père, en proie aux remords, incrédule à l'amitié, à la franchise du jeune visiteur, et en même temps incapable d'opposer de la résistance au cortège victorieux qui le suit et le seconde, fuie vers la Thessalie, y soit poursuivi, y trouve la mort, tous ces événements n'ont rien que de simple et d'explicable par les voies ordinaires. Les variantes se prêtent de même aux explications. 

On a supposé aussi (Strabon, LX), mais très gratuilement, qu'Acrisius fonda l'Amphictionie de Delphes; et Valois a essayé de prouver que cette vieille tradition n'est nullement inconciliable avec celle qui attribuait l'institution primordiale à Amphiction. Il resterait à prouver, soit l'existence d'Amphiction, premier fondateur de la diète éponyme, soit la rénovation ou réorganisation du système par une influence argienne.

L'interprétation astronomique.
Encore plus hasardeuse est l'interprétation astronomique. Pour qui voudra comprendre cet immense assemblage de personnifications lumineuses et solaires, de voyages, de grossesses, de luttes, de meurtres qui ne sont que des destructions de la forme féconde en formes nouvelles, Acrisius et Proetus seront les deux soleils rivaux (soleil de mars à septembre ou boréal, soleil d'octobre à février ou austral), les deux soleils semestriels, et par suite la lumière et les ténèbres. Proetus n'est évidemment que Fré, le soleil en égyptien. Acrisius est moins aisé à expliquer étymologiquement  mais son radical kr implique l'idée de puissance, de souveraineté, de règne. Castor et Pollux sont des symbolisations analogues des deux pôles, des deux hémisphères, des deux soleils présidant à chacun d'eux et leur dispensant la lumière. 

Et quant à la difficulté de comprendre deux soleils jumeaux issus d'un soleil unique, que l'on se rappelle, non seulement toutes les généalogies solaires où semblable phénomène a lieu, mais encore les douze Aditias, soleils mensuels de l'Inde, fils de la radieuse Aditi. Le décret de virginité, la tour d'airain, la pluie d'or si platement expliqués pour l'ordinaire, la ciste ou coffre qui emporte les victimes d'un pouvoir ombrageux et jaloux, l'asile insulaire (Bouto pélasgique d'un Haroeri pélasgue), le disque qui tue les ténèbres, tout cela doit être renvoyé à Persée. Remarquez en outre l'extrême conformité de ce mythe et de la légende de Romulus; puis surtout la similitude des interpretations évhémémeristes : Amulius, séducteur de Sylvia; Proetus , aussi oncle, séducteur de Danaé. (M.).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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