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La Macédoine,
vaste, région au nord de la Thessalie
et de la mer Egée, avait eu de bonne heure des rois qui, entourés
de peuples barbares et dominés par une aristocratie puissante, n'avaient
encore joué qu'un rôle effacé.
La légende
place la fondation du royaume de Macédoine vers le début
du XIVe siècle avant notre ère,
par une tribu, les Macedones, chassés de l'Histiéotide, contrée
de la Thessalie. Pélagon, un de leurs rois, aurait défendu
Priam
contre les Grecs, et au VIIIe
siècle, l'Héraclide Garanus,
frère d'un roi d'Argos,
aurait améné dans l'Émathie une colonie d'Argiens
et autres Grecs, et fondé une dynastie nouvelle, et bâtit
Édesse. Ses successeurs auraient réunis à leurs
États la Haute et la Basse-Macédoine, ainsi que la Chalcidique.
Plus assurée historiquement est l'invasion perse de 492 : la Macédoine
fut alors envahie par les généraux de Darius, et fut contrainte
de subir l'alliance des Perses. Mais elle revint à l'alliance grecque
après la bâtaille de Platées, 479. Après le
règne heureux d'Archélaüs I,
le pays était livré à une anarchie complète,
lorsque Philippe II monta sur le
trône, 364 av. J-C. (La Macédoine
Antique).
Ce prince habile
rétablit l'ordre dans le royaume, l'agrandit par ses conquêtes
et atteignit le but de son ambition l'an 338 par la victoire le Chéronée,
qui plaça la Grèce sous sa dépendance. Il se fit nommer
généralissime d'une expédition de tous les États
grecs contre les Perses; mais il fut assassiné l'an 336, et son
fils, Alexandre le Grand, héritier
et exécuteur de sa pensée, renversa la monarchie des Perses
et conquit l'Asie jusqu'à l'Inde.
Le vaste empire créé
par les victoires d'Alexandre fut divisé
après sa mort. Philippe Arrhidée,
fils naturel de Philippe Il, et Alexandre
Aegus, fils posthume d'Alexandre le Grand et de Roxane, furent proclamés
rois de Macédoine en 323 et 322, sous la régence de Perdiccas.
Olympias, mère d'Alexandre le Grand, fit mourir Arrhidée
l'an 318, et Alexandre Aegus fut assassiné par ordre de Cassandre,
fils d'Antipater, l'an 311. Perdiccas voulait
s'emparer du trône, lorsqu'il fut remplacé dans la régence
par Antipater, qui, mort en 321, eut pour successeur son fils Cassandre.
Ce dernier renversa son rival Polysperchon, se rendit maître de la
Macédoine, et en demeura roi l'an 301, après la bataille
d'Ipsus,
où il fut un des vainqueurs d'Antigone.
La Macédoine,
dont le trône fut occupé successivement par différents
rois, fut dévastée par des armées de Gaulois en 279
et 278. Philippe V, prince guerrier,
arrière-petit-fils de Démétrius
Poliorcète, rétablit passagèrement la domination
macédonienne sur la Grèce.
Mais il s'allia avec Hannibal contre les Romains,
qui, dans une première guerre, de 214, à 205, affaiblirent
sa puissance et la ruinèrent complètement dans une seconde,
de 200 à 197, par la paix qu'ils lui dictèrent après
sa défaite à Cynoscéphales.
Persée hérita de son père
Philippe V, avec le trône dont le crime lui avait ouvert la voie,
la haine des Romains; mais il succomba à Pydna
dans une troisième guerre qu'il leur fit de 172 à 168.
La Macédoine
fut divisée en 4 républiques sous la souveraineté
de Rome.
Un aventurier, nommé Andriscus, se donna
pour fils naturel de Persée, et se fit reconnaître roi de
Macédoine. Mais il fut vaincu l'an 148 par C. Métellus, qui
se le fit livrer par un petit roi de Thrace, et l'emmena prisonnier à
Rome. Deux autres aventuriers, Alexandre et Philippe, tentèrent
sans succès de jouer le même rôle, et la Macédoine
fut réduite en province romaine l'an 147 av. J.-C. A la division
de l'Empire romain, la Macédoine fut ensuite comprise dans un diocèse
de l'empire d'Orient,
auquel elle donnait son nom.
Elle forma au Moyen
âge
le royaume de Thessalonique, fondé en 1179 par l'empereur Manuel
Comnène en faveur de son gendre, Renier
de Montferrat. Ce royaume passa au pouvoir des Turcs au XVe
siècle. La Macédoine, désormais intégrée
à l'empire ottoman
fut partagée entre les eyalets de Roumélie
et de Salonique, dans la Turquie d'Europe. En 1913, elle fut prise par
la Serbie
à laquelle elle resta rattachée lors de la création
de la Yougoslavie. A l'époque de Tito, la Mécédoine
fut reconnue comme une république fédérée au
sein de l'État yougoslave. La Macédoine prit ensuite sont
indépendance, pacifiquement, en 1991, sous le nom de "Macédoine".
L'objection grecque
au nom du nouveau pays, insistant sur le fait qu'il impliquait des prétentions
territoriales sur la province grecque de Macédoine, et le recul
démocratique pendant plusieurs années ont bloqué le
mouvement du pays vers l'intégration euro-atlantique. Immédiatement
après la déclaration d'indépendance de la Macédoine,
la Grèce a cherché à bloquer les efforts macédoniens
pour devenir membre de l'ONU si le nom "Macédoine" était
utilisé. Le pays a finalement été admis à l'ONU
en 1993 sous le nom de "l'ex-République yougoslave de Macédoine",
et en même temps, il a accepté des négociations parrainées
par l'ONU sur le différend sur le nom. En 1995, la Grèce
a levé un embargo commercial de 20 mois et les deux pays ont convenu
de normaliser leurs relations, mais la question du nom est restée
en suspens et les négociations pour une solution se sont poursuivies.
Au fil du temps, les États-Unis et plus de 130 autres nations ont
reconnu la Macédoine sous son nom constitutionnel, République
de Macédoine.
Les griefs de la
minorité de langue albanaise concernant les inégalités
politiques et économiques perçues ont dégénéré
en un conflit en 2001. Cela a aboutit à l'accord-cadre d'Ohrid négocié
au niveau international, qui a mis fin aux combats et établi des
lignes directrices pour les amendements constitutionnels et la création
de nouvelles lois qui ont renforcé les droits des minorités.
En janvier 2018, le gouvernement a adopté une nouvelle loi sur les
langues, qui a élevé la langue albanaise au rang de langue
officielle au niveau national, la langue macédonienne restant la
seule langue officielle dans les relations internationales. Les relations
entre les Macédoniophones et les Albanophones restent cependant
compliquées.
Le gouvernement pro-occidental
de Macédoine du Nord a mis à profit son mandat depuis 2017
pour signer un accord historique avec la Grèce en juin 2018 afin
de mettre fin à la dispute sur le nom et de relancer les perspectives
d'adhésion de Skopje à l'OTAN et à l'UE. Cela fait
suite à une crise politique dans laquelle le pays a sombré
pendant près de trois ans mais qui s'est terminée en
juin 2017 après une période de formation du gouvernement
de six mois et après une élection très disputée
en décembre 2016. La crise a commencé après les élections
législatives et présidentielles de 2014 et s'est intensifiée
l'année suivante, lorsque le parti d'opposition a commencé
à publier des écoutes qui révélaient des allégations
de corruption et d'abus généralisés du gouvernement.
Bien que candidate
à l'Union européenne depuis 2005, la Macédoine du
Nord n'a pas encore ouvert les négociations d'adhésion. Le
pays est toujours confronté à des défis, notamment
la mise en oeuvre intégrale des réformes pour surmonter des
années de recul démocratique et stimuler la croissance économique
et le développement. En juin 2018, la Macédoine et la Grèce
ont signé l'accord de Prespa par lequel la République de
Macédoine a accepté de changer son nom en République
de Macédoine du Nord. Après ratification par les deux pays,
l'accord est entré en vigueur le 12 février 2019. La Macédoine
du Nord a signé un protocole d'adhésion pour devenir un État
membre de l'OTAN en février 2019. |
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