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Histoire du Japon |
Les
plus anciens vestiges humains au Japon appartiennent au Paléolithique.
Il semble que des populations venues à la fois de Sibérie,
via la Corée, et de Chine
et même d'Asie du Sud-Est se soient dès cette période
retrouvées sur les îles de l'archipel. Vers le IIIe
millénaire, apparaît une culture dite de Jomon (Jômon),
qui durera environ 2000 ans. La riziculture se développe vers le
IIIe siècle av. J. C. et est marquée
par divers autres progrès dans les modes de vie, qui caractérisent
la période dite de Yayoï.
Si l'on en croit les premiers écrits japonais, qui ne datent que du VIIIe siècle de notre ère, la structuration politique de l'archipel, le titre d'empereur ou mikado, remonteraient au VIIe s. av. J.C. Plus fiables sont sans doute les connaissances des faits contemporains des textes. Ainsi, apprend-on qu'en 788, un peuple de l'ouest, que l'on suppose être les Mongols, essaya d'envahir le Japon, mais que son armée et sa flotte furent presque anéanties. Pendant trois ou quatre siècles encore, on vit arriver au pouvoir différents individus appartenant aux grandes familles nobles. La puissance impériale commença de décroître et les princes vassaux, profitant de sa faiblesse, se rendirent presque indépendants. Pour remédier à ces maux, la cour du mikado créa les fonctions de shogun, ou gouverneur généralissime, entre les mains de qui va vite résider le vrai pouvoir, surtout à partir du XIIe siècle quand cette charge devient héréditaire, et jusqu'à la dissolution du shogunat, en 1868. De 1331 à 1392, des guerres civiles éclatèrent entre empereurs rivaux. La Période de 1336 à 1573 est connue comme l'époque de la guerre et le pays fut gouverné par des shoguns de la famille Ashikaga. A la fin de cette période, trois des plus grands noms de l'histoire japonaise se firent remarquer : Nobunaga, Hideyoshi et Iyeyasu. Nobunaga conçut l'idée de réunir tout l'empire sous sa domination, mais il fut tué par un traître avant qu'il eût accompli cette oeuvre. Hideyoshi fut plus heureux. Nobunaga persécuta les prêtres bouddhistes et, de concert avec Hideyoshi, il reçut favorablement les jésuites missionnaires pour les opposer aux Bouddhistes. Après la mort d'Hideyoshi (1592), le pays fut déchiré par deux partis, l'un dirigé par les adhérents du jeune enfant de Hideyoshi, l'autre par Tokugawa lyeyasu. Ce dernier triompha et fonda le shogunat de Tokugawa, qui gouverna le Japon depuis 1603, jusqu'en 1867. Pendant cette période, le pays jouit d'une paix profonde. Yedo devint capitale. Iyeyasu est regardé comme le plus grand caractère de l'histoire japonaise. Son système de gouvernement régna jusqu'à ces derniers temps. Bien que le shogun fût de facto le maître, le mikado (porte illustre ou sublime porte) était le véritable souverain du Japon, et le shogun n'était ni roi, ni empereur, mais gouverneur militaire, commandant en chef. Les Européens ont commencé à se rendre au Japon au XVIe siècle. Sur fond de rivalités entre eux, les Portugais et les Hollandais en particulier ont réussi à y implanter des établissements. Mais les relations entre Japonais et européens devinrent vite orageuses. Les chrétiens furent persécutés au milieu du XVIIe siècle; les commerçants étrangers relégués sur l'île de Deshima, dans la rade de Nagasaki. Assez vite, cependant, les Hollandais, vainqueurs à la fois de leurs concurrents européens (le Portugais sont chassés) et des réticences des Japonais parvinrent à arracher pour deux siècles le monopole des échanges commerciaux entre l'Europe et le Japon. La situation change au milieu du XIXe siècle, avec l'entrée en scène en 1852 des Américains, puis avec la conclusion de traités entre le Japon et toutes les grandes puissances occidentales. Une irruption des étrangers favorisée par le shogun et l'époque et qui se révèle hautement impopulaire. La succession des événements conduira à partir de là à la dissolution du shogunat (1868) et à la prise en main de tout le pouvoir par le mikado. Cette époque marque aussi le commencement d'une ère de progrès (dite ère Meiji), mais aussi la naissance d'une politique expansionniste du pays, qui se lance dans plusieurs guerres. Dans un premier temps contre la Chine, puis la Russie, et - plus tard, mais dans une perspective du même ordre - contre les Alliés, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dates clés : VIIe av. J.C. - Premier mikado? |
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Au
« pays du Soleil Levant »
Si l'on suit les
récits semi-légendaires, le premier mikado, le premier empereur,
du Japon, aurait été un certain Kami-yamato-no-Iware-biko
(667 av. J.C.), originaire du Sud de Kien-siou. Il chassa, dit-on, le peuple
primitif du pays, représenté comme un peuple chevelu et sauvage,
ressemblant aux Aïnous qui habitent aujourd'hui Hokkaïdo (et
peut-être encore les îles Kouriles).
Il est plus probable que ce peuple se mélangea graduellement avec
ses conquérants. Quoi qu'il en soit, ce personnage conquiert l'île
de Nippon, jusque vers le 30° latitude, devient en 660, empereur sous
le titre de Zim-mou-Tennô ou Jimmu Tenno, et il choisit pour capitale
Yamato (Kashiwabara). Il mourut en 585, à l'âge de cent trente-sept
ans, et fut remplacé par son troisième fils, Kami-nuna-gava-mimi-no-mikoto;
avec le titre de Suisei-Tennô. Le héros le plus célèbre
de l'époque ancienne du Japon est Yamato-Daké, fils du 12e
mikado, l'empereur Keiko (74-130), qui conquiert l'Est du Japon, Ia plaine
de Yedo (Kuwanto), et, tantôt déguisé en femme, tantôt
traversant les flammes, accomplit des merveilles de valeur. Pendant plusieurs
siècles ses successeurs portèrent encore le titre de mikado
et exercèrent le pouvoir le plus absolu. Les femmes n'étaient
pas exclues de la succession et dans l'ancienne histoire du Japon, il y
eut plusieurs célèbres impératrices. A l'avènement
de l'impératrice Suiko, première souveraine du sexe féminin,
une tolérance entière fut accordée à la religion
bouddhiste.
Un nouvel âge.
L'introduction du cérémonial chinois écarta les mikados du commandement militaire et fit passer le gouvernement aux mains de leurs lieutenants. Il s'ensuivit une anarchie de plusieurs siècles, durant laquelle se constitua un régime comparable à la féodalité européenne, avec une noblesse de cour et une classe militaire. La famille de Fujiwara, appartenant à la noblesse de cour, eut une influence prépondérante du VIIe au XIIe siècle. L'ascendant passa alors à deux familles militaires, les Taïra et les Minamoto. En 888, Motatsune, premier ministre (Daïjo-daïjin) de la maison de Fujiwara, reçut à titre héréditaire la dignité de kambaku (administrateur en chef). Les mikados étaient complètement tombés sous la tutelle des Fujiwara, ne prenant d'épouses et ne mariant leurs filles et soeurs que dans cette famille. Les Taïra se rattachèrent à un petit-fils de Kammu-Tennô. Leur splendeur fut courte. Les Minamoto passent pour des descendants du 52e mikado, Saga-Tennô. Ils ont donné au Japon de brillants généraux. Les familles Ashikaga et Tokugawa ne sont que des branches des Minamoto. Un de leurs premiers héros fut Yoriyoshi, qui, au milieu du XIe siècle, soumit les peuplades Emishi du Nord de l'île de Hondo. Son fils Yoshiiye éclipsa ses exploits; les légendes le célèbrent sous le nom de Hachiman Taro. Au XIIe siècle, les intrigues de palais cèdent la place aux guerres civiles. L'usage s'était établi de faire abdiquer les mikados et de les cloîtrer lorsqu'ils atteignaient vingt ans, de manière que le souverain nominal fût mineur. Le 75e mikado, Shutoku-Tenno, avait ainsi régné de trois à vingt ans et s'était retiré dans un monastère. Mais à la mort imprévue de son jeune beau-frère, Konoyé-Tennô, qui lui avait succédé, il voulut assurer le trône à son fils. Scène de bataille. Le temps des shogouns.
Le titre de taï-koun donné également au shogoun, est d'origine chinoise et n'était pas usité chez les Japonais. La victoire de Yori-tomo lui permit d'exercer au Japon un pouvoir semblable à celui des chua en Annam, c.-à-d. celui d'un maire du palais auprès d'un roi fainéant. Tandis que le mikado, roi spirituel, ou roi civil (appelé par les Chinois wen-wang) règne et ne gouverne pas, le shogoun (wou-wang) est le chef guerrier. Cet état de choses a duré jusqu'à la révolution de 1868. Yori-tomo ayant fondé une nouvelle capitale, Kama-kura, sa dynastie est connue (1192) sous le nom de shogouns de Kama-kura ou de Minamoto. Yori-tomo mourut en 1199 et le second shogoun fut son fils Yori-iye (1199-1202); il fut lui-même remplacé par son frère Sane-tomo (1208-1219). Voici la liste de ces shogouns : Dynastie Minamoto : Yori-tomo (1186-1201); Yori-iye (1202); Sane-tomo (1203-1219). - Dynastie Fujiwara : Yori-tsune (1220-1243); Yori-tsugu (1244-1251). - Dynastie Jimmu-ten wo : Mune-taka (1252-1265), Kore-yasu (1266-1289); Hisa-akira (1289-1307); Morikuni (1308-1333) ; Mori-yosi (1333-1335); Nari-yoshi (1334-1338). - Dynastie Ashikaga : Taka-udji (13341357); Yoshi-mori I (1358-1367); Yoshi-mitsu I (13681393); Yoshi-motsi (1394-1422); Yoshi-katsu I (14231425); Yoshi-motsi (réétabli en 1425-1428); Yoshi-nobu (1428-1440); Yoshi-katsu II (1441-1443); Yoshi-nari (1449-1471); Yoshi-nao (1473-1489); Yoshi-mura (1490-1493); Yoshi-mitsu II (1494-1507); Yoshi-mura (réétabli, 1508-1521); Yoshi-naru (1521-1545); Yoshifusa (1546-1565) ; Matu-naga (usurpateur, 1565-1568; Yoshi-sûsa (1568); Yoshi-aki (1568-1573). - Dynastie Taïrano : Taïra-nobu-naga (1574-5582); Aketi-mituhide (usurpateur, 1582); San-ban-si (1582-1586). - Dynastie Toyo-tomi : Hide-yoshi ou Taï-ko-sama (15861590); Hide-tugu (1591-1595); Hide-yori (1600-1615). - Dynastie Toku-gawa : Mina-moto-no-iye-yasû-kô (1603-1605); Hide-tada-kô (1605-1622); Iye-mitu-ko (1623-1649); Iye-tuna-kô (1650-1680); Tuna-yosi-kô (1681-1709); Iye-nobu-kô (1709-1712); Iye-tugu-kô (1713-1715; Yoshi mune-kô (1716-1745); Iye-sige-kô (1745-1762); Iye-haru-kô (1762-1786); Iye-nari-kô (1787-1837); lye-yohi-kô (1838-1853); Iye-sada-kô (1853-1858); Iye-motsi-kô (1858-1866); Yoshi-hisa-kô (1866-1867).Dans leur première période, presque aussitôt après leur avènement, les shogouns subirent le sort des mikados et furent réduits à une autorité nominale; le pouvoir réel fut exercé par des shuklens ou régents appartenant à la famille de Hojo, descendant du beau-père de Yori-iye. Des enfants détenaient à Kyoto et à Kamakura le titre de mikado et de shogoun. Cette situation dura de 1199 à 1334; le plus célèbre des douze régents est Hojo Tokimune qui repoussa l'invasion des Mongols (1274 et 1281). La puissance des Hojo fut détruite à Kamakora par le héros Nitta Yoshisada, de la famille de Minamoto, et à Kyoto par Ashikaga Takaudji, lequel restaura le pouvoir effectif des shogouns. - Statue équestre du samouraï Kusunoki Masashige (1294-1336), devant le palais impérial de Tokyo. Source : The World Factbook. En 1331, Taka-haru (Go-Daïgo), cherchant à secouer le joug de la famille de Hôjô, avait été battu et remplacé sur le trône par Kogon-Tennô. Néanmoins, Daïgo ayant été réinstallé en 1334, les successeurs de Kogon continuèrent de régner à Miako (Kyoto), en sorte qu'il y eut deux dynasties de mikados : dynastie du Nord et dynastie du Sud. D'ailleurs, la dynastie de Kogon, composée de six princes, dont le dernier, Moto-hito (Go-Komatsu), par suite de l'abdication de l'empereur du Sud, devint, en 1392, seul mikado, jusqu'à 1412. La division du Japon en deux empires n'a duré que soixante ans, de 1332 à 1392. C'est au XVIe siècle que recommencèrent les grandes luttes, favorisées par la faiblesse des shogouns d'Ashikaga. Membre de la famille Ota (maison de Taïra), petits daimios d'Owari, Nobu-naga commença à lutter contre les shogouns, peu de temps après l'arrivée des Portugais au Japon. Son courage, qui lui avait valu de grandes acquisitions de territoire, lui suscita de nombreuses jalousies; il n'en eut pas moins assez d'influence pour faire nommer en 1568 Yoshi-aki comme shogoun; ce devait être le dernier de la maison Ashikaga. Après avoir détruit, en 1573, le monastère de Hiyeizan, Nobu-naga déposait Yoshiaki, se substituait à lui, restaurait l'autorité du mikado, favorisait le christianisme, combattait vigoureusement les bonzes qui s'étaient déclarés contre lui, les soumettait, mais, trahi ensuite, il se suicidait (hara-kiri) à l'âge de quarante-neuf ans, en 1582. L'oeuvre de Nobu-naga fut continuée par son élève et lieutenant Hide-yoshi, fils d'un paysan, qui réussit à pacifier le Japon, troublé à la mort du grand chef. Vainqueur des ennemis qui avaient causé la mort de Nobu-naga. Hide-yoshi fit la guerre à la Corée, et persécuta les chrétiens qui avaient été jadis protégés par son prédécesseur. Hide-yoshi, qui était un des personnages les plus remarquables du Japon, est également connu sous son nom de dynastie, de famille, Toyo-tomi, ou par son titre de Tai-ko (Tai-ko-sama). Tai-ko-sama mourut
le 15 septembre 1598; sa succession fut disputée entre son fils
et Toku-gava-Iye-yasû, seigneur de Mikawa, qui gouvernait le Kuwanto
et résidait à Yedo. La querelle fut résolue par la
sanglante bataille de Sekighara (1600), la plus meurtrière et la
plus décisive des annales japonaises.
Iye-yasû, s'étant emparé du pouvoir, continua l'oeuvre
de ses deux devanciers et prit, en 1603, le titre de shogoun. Quoique,
deux ans plus tard, il ait abdiqué en faveur de son fils, il conserva
ce titre jusqu'à sa mort, arrivée en 1616. Le shôgounat
devait durer dans cette famille de Iye-yasû, ou de Toku-gawa,qui
n'était elle-même qu'une branche des Minamoto, jusqu'à
la Révolution de 1868, époque à laquelle cette fonction
fut abolie; l'empereur Mutsu-hito étant monté sur le trône
en 1867, le dernier titulaire, le quinzième shogoun de la maison
de Toku-gawa, fut Yoshi-hisa-ko, fils du prince de Mito, Nari-akira, qui
avait été adopté par le prince de Hitotsubashi.
On désigne
généralement sous le nom de période féodale
les siècles pendant lesquels le Japon fut administré par
les shogouns. On donnait le nom de daimio (grand nom), titre qui était
déjà connu sous Yori-tomo, aux chefs principaux militaires
de l'empire dont Iye-yasû assura la stabilité aux dépens
de leur puissance réelle en les déclarant tous ses vassaux.
Iye-yasû divisa les daimios en fudaï, qui appartenaient à
la famille de Toku-gawa ou tout au moins à leurs vassaux et en tozama,
daimios n'appartenant pas à la famille du shogoun, qui ne reconnurent
son autorité qu'en 1600. Ceux-ci furent les principaux fauteurs
de la révolution de 1868, avec les kuge, la vieille noblesse japonaise,
mécontente de l'aristocratie militaire des fudaï. Ces kuge,
presque tous de sang impérial, appartenaient aux neuf familles :
Fujiwara, Sugawara, Taira, Minamoto, Kiowara, Abe, Onakadomi, Urabe et
Tamba. Comme le vrai souverain, le mikado, ces kuge vivaient dans la plus
grande oisiveté, et la plupart d'entre eux dans la plus profonde
misère.
Un samouraï. Le Japon et le reste du monde Temps anciens
et Moyen âge.
« Sila ou Silâ est située au plus haut de la Chine, à l'Est. Ceux qui voyagent sur mer ne s'y rendent pas souvent. C'est une des îles de la mer Orientale qui font pendant, par leur situation, aux îles Eternelles et Fortunées de la mer Occidentale; seulement celles-ci sont cultivées et remplies de tous les biens, contrairement à celles-là. »Dans l'histoire des Mongols, Youen, Youen-chi, le Japon, le Je-peun, est décrit dans le chap. CCVIII de la quatrième section. C'est le pays Je-peun Kouo, transcrit phonétiquement et décrit par Marco Polo sous le nom de Zipangu (ou Cipango, etc.) : « Sypangu est une isle en Levant qui est en la haulte mer, loings de la terre ferme mille cinq cens milles; et est moult grandisme isle. Les gens sont blans et de belle maniere. Ilz sont idolastres, et se tiennent par eux; et si vous dy qu'il ont tant d'or que c'est sans fin; car ilz le treuvent en leurs isles. Ilz sont pou de marchans qui là voisent, pour ce que c'est si loings de la terre ferme. Si que pour ceste raison leur habonde l'or oultre mesure. »Rachid-eddin emploie également ce mot modifié de Zipangu. Le mot de Nippon se trouve déjà au Xe siècle de notre ère sous la forme Al-Nâfun, dans le lkhwân-al-Sâfâ. En réalité, le Japon, qui a été connu des Occidentaux par la relation de Marco Polo (vers 1300), avait été oublié par eux et l'on peut considérer le Portugal comme l'ayant découvert à nouveau. Le Portugal.
Les marins, les commerçants et les missionnaires qui ont atteint les premiers le Japon n'avaient évidemment pas pour objectif de faire connaître ce pays. Aussi, les connaissances qu'en ont eu les Européens sont restées très longtemps fragmentaires. Elles ont été apportées par quelques rares voyageurs. Il s'agit principalement de Engelbert Kempfer, qui séjourna au Japon de 1690 à 1692, dont l'Histoire, parut en anglais en 1727; de Charles-Pierre Thunberg, élève de Linné, envoyé au Japon en 1772; et de Siebold, qui a publié le grand ouvrage Nippon, Archiv zur Beschretbung von Japan (Leyde, 1832-1851).Des missionnaires les imitèrent et le Japon fut visité par saint François-Xavier, qui débarque à Kago-shima le 15 août 1549. Ils allaient s'employer à donner une certaine influence au christianisme dans l'archipel. Dans un premier temps, marchands et missionnaires furent favorablement accueillis et un certain nombre de conversions furent même obtenues. Nobu-naga protégea les chrétiens au détriment des bonzes. Une ambassade envoyée par les daimios de Bungo, d'Arima et d'Omura, qui quitta le Japon en 1582, l'année de la mort de Nobunaga, arriva en 1585 à Rome, où elle fut reçue par le pape Grégoire XIII. L'ère de Hide-yoshi (Taiko-sama) amena une forte réaction contre les chrétiens; en 1587. Les abus et la conduite inconséquente des chrétiens portugais conduisirent Hideyoshi à publier un édit bannissant les missionnaires. Cet édit fut renouvelé par son successeur en 1596 et, en 1597, furent crucifiés à Nagasaki 9 missionnaires et 17 catholiques indigènes. Iye-Yasû s'était d'abord appuyé sur les catholiques, mais, prévenu par les Hollandais et les Anglais contre eux, il leur devint hostile. Son fils et son petit-fils les exterminèrent. Les Hollandais
et les Anglais.
Firando a toujours été noté pour l'hostilité de ses princes contre le christianisme, quoique les chrétiens fussent nombreux dès 1606 (ou à cause de cela). Le Père Augustin Hernando de Saint-Joseph fit en 1616 de vains efforts pour établir une mission et construire une église à Firando, et l'année 1624 fut marquée par une grande persécution. On peut dire que depuis que les Hollandais furent relégués à Deshima jusqu'à l'arrivée du commodore américain Perry, en 1853, la situation des étrangers au Japon ne changea guère. Vainement en 1807 les Russes essayèrent-ils de débarquer à Yesso (auj. Hokkaïdo), vainement les bateaux français au anglais tentèrent-ils, soit aux îles Lieou-kieou (Ryu-Kyu), soit dans l'archipel japonais proprement dit, d'établir des relations. Le coup de force
de Perry.
Ratifié par le président des États-Unis en 1854, les ratifications de ce traité furent échangées à Shimoda le 21 février 1855. Ces dates sont le point départ d'une ère nouvelle : le 14 octobre de la même année, l'amiral anglais, sir James Stirling, signait à Nagasaki un traité qui ouvrait les ports de Nagasaki (Hizen) et d'Hakodaté (Matsmai); venaient ensuite le vice-amiral russe Euphimius Poutiatine (traité de Shimoda, 7 février 1855), le chevalier hollandais Jan Hendrik Donker Curtius (traité de Nagasaki, 30 janvier 1856). Un nouveau traité fut signé à Yedo, le 29 juillet 1858, par le consul général américain Townsend Harris qui permettait d'établir un agent diplomatique à Yedo, et qui amena la signature d'un nouveau traité avec la Hollande le 18 août 1858, avec la Russie le 7 août, avec la Grande-Bretagne le 26 août, et enfin, avec la France, le 9 octobre 1858. La France, représentée
par le baron Gros, obtenait l'ouverture pour la commerce français
de Hakodaté; Kanazawa et Nagasaki, à partir du 13 août
1859, de Ni-i-gata, à partir du 1er
janvier 1860, et d'Hiogo, à partir du 1er
janvier 1863. A partir du 1er janvier 1862,
les sujets français étaient autorisés à résider
dans la ville de Yedo, et à dater du 1er
janvier 1863, dans la ville d'Osaka, mais seulement pour y faire le commerce.
Cependant, l'agitation contre les étrangers augmentait; le 5 juillet
1861, la légation d'Angleterre était attaquée; l'année
suivante, un Anglais, nommé Richardson, était assassiné
près de Yokohama le 14 septembre 1862 par les gens du daimio de
Satsuma. Enfin, le 5 septembre 1864, les flottes combinées anglaises,
françaises, hollandaises et américaines, détruisent
les forts de Shimonoseki. En 1867, Mutsu-hito devient mikado; immédiatement
la révolution éclate, et la première année
du nouveau règne (1868), qui prend le nom de mei-dji (meiji),
le shôgounat est aboli; les partisans des anciens shôgouns
de la maison de Tokugawa sont battus, les traités avec les puissances
étrangères sont ratifiés, les ports de Kobe,
Osaka, puis (1869) Ni-i-gala et Yedo sont ouverts aux étrangers,
la capitale du mikado est transportée de Kyoto à Yedo, qui
prend le nom de Tokyo (c'est-à-dire la « capitale de l'Est
»).
Tout le Japon traditionnel : la cérémonie du thé. L'ère Meiji
( = ère «de lumière » ou « de progrès
»).
Mais toutes ces réformes devaient fatalement aboutir à une réaction, dont la première (1874) est la rébellion de Saga, district de la province de Hizen, dans Kiou-siou, qui fut rapidement écrasée par le général Nodzu cette même année, des pécheurs des îles Riou-Kiou, ayant fait naufrage sur la côte de Formose (Taïwan), furent massacrés; les Chinois ayant refusé de donner satisfaction au Japon pour l'attaque dont cet équipage avait été l'objet de la part des sauvages de l'île, une expédition sous les ordres du général Saigo-Tsugumitsu débarqua sur la côte sud-est : la guerre était inévitable entre les deux empires de l'Extrême-Orient, si les puissances occidentales, et l'Angleterre en particulier, n'avaient servi de médiatrices. Un traité donnant pleine satisfaction au Japon fut signé le 31 octobre 1874; l'année 1875 fut moins heureuse au point de vue extérieur, car le Japon cédait à la Russie toute l'île de Sakhaline, dont elle occupait jusqu'alors le Sud, en échange de l'archipel stérile des Kouriles. Un édit promulgué en 1876, qui devait avoir force de loi à partir du 1er janvier 1877, défendit dorénavant aux anciens samouraï de porter les deux épées. Cet édit et la politique extérieure du gouvernement amenèrent une nouvelle grande rébellion, cette fois, du clan de Satsuma, dirigée par le frère même du général Saigo-Tsugumichi, Saigo-Takamori, qui se mit à la tête d'une force de 14 000 hommes au milieu de février 1877. Battue le 19 août, la révolution fut complètement anéantie le 24 septembre 1877, et Saigo se suicida l'année suivante. Cette mort, l'écrasement des rebelles, le triomphe des nouvelles idées furent la cause, le 14 mai 1878, de l'assassinat à Tokyo, par des gens de Kaga, du célèbre ministre de l'intérieur Okubo-toshimitsu. Les années suivantes furent marquées par la promulgation des codes pénal et criminel (1881), l'établissement de différents rouages administratifs et judiciaires, la fondation d'une nouvelle constitution (1889). SignaIons toutefois les visites au Japon de l'ancien président des États-Unis, Grant (1879), et celle du tsarévitch - le futur empereur Nicolas II -, qui faillit être assassiné à coups de sabre à Otsu, sur les bords du lac Biwa (1891). Encore des guerres La guerre sino-japonaise.
Entre-temps, la Chine ou au moins ses employés prenaient la direction des douanes dans les trois ports ouverts au commerce : Jentchuan, Yuen-san et Fou-san. Il était évident que la Chine, se considérant comme suzeraine de la Corée, ne se laisserait pas supplanter dans ses droits par sa jeune rivale; à partir de 1882, une double garnison chinoise et japonaise, casernée à Séoul, amenait beaucoup de désordres par suite de leurs jalousies. Le 4 décembre 1884, des troubles sérieux éclataient à Séoul; sept des ministres furent assassinés; le lendemain, la lutte se déclarait entre la garnison chinoise et la garnison japonaise. La légation japonaise était brûlée, un grand nombre de Japonais étaient massacrés et les survivants forcés de fuir vers la côte. Les auteurs de cette
révolution étaient : Palk-keum-moun-youi, Kim-ok-kyoum, Saye-koum-pou,
Hong-yeng-syetri. Ils paraissent avoir agi pour le compte des Japonais,
mais le résultat fut contraire à leurs espérances,
puisque ce furent les Chinois, qui, aidés du peuple, eurent le dessus.
Les Japonais n'acceptèrent pas longtemps cette situation, Kim-ok-kyoum,
réfugié au Japon, était induit par un de ses compatriotes,
Hong-tjyong-ou à se rendre avec lui à Chang-haï; il
fut assassiné dans cette ville, à coups de revolver, par
son compatriote, qui déclara avoir agi par ordre du roi de Corée
(28 mars 1894). Le corps de Kim-ok-kyoum, transporté en Corée,
y fut coupé en huit morceaux, répartis entre les huit provinces
du royaume. La guerre à laquelle le Japon se préparait depuis
longtemps ne pouvait tarder à éclater.
D'autre part, le
comte Oyama quittait Hiroshima le 26 septembre et débarquait à
Ta-lien-ouan, au-dessus de Port-Arthur. Un troisième corps japonais,
suivant la côte depuis Wi-ju, était venu renforcer ses troupes
par terre. Déjà, les troupes, sous le commandement du maréchal
Yamagata et du général Nodzu, ont quitter Founghouang-tcheng,
et pris en grande partie la route de Moukden, capitale de la Mandchourie,
berceau de la famille régnante à Pékin,
par conséquent ville sainte (Cheng-king). Les quelques difficultés
que les Japonais laissent derrière eux dans le Sud de la Corée,
où le parti national, les Tong-hak, lutte contre eux, ne sont rien
à comparer avec les terribles embarras des Chinois à ce moment.
Et la Chine,
d'ailleurs, envisage dès cette époque la paix. Celle-ci ne
sera signée qu'en avril 1895 (paix de Shimonoseki); elle consacrera
l'indépendance de la Corée et l'annexion de Formose et des
îles Pescadores par le Japon. Les Occidentaux en profiteront également
pour avancer quelques uns de leurs pions en Chine (Allemagne, France),
et en Mandchourie (Russie, qui pourra ainsi achever la ligne du transibérien
en 1898).
L'européanisation du costume au Japon, au début du XXe siècle. Le XXe
siècle et le début du XXIe.
Les années qui suivent vont être marquée par un florissement économique d'ampleur exceptionnelle, qui rend le Japon de plus en plus à même de rivaliser à tous les points de vue avec les grandes puissances occidentales. Cela ne fera aussi qu'accentuer ses visées expansionistes. Un plan d'expansion militaire (le plan Tanaka) est adopté dès 1927. En 1931, le Japon envahit la Mandchourie et place à sa tête un dirigeant fantoche, l'ancien empereur de Chine Pou-yi. Les graves secousses politiques qui, parallèlement, ébranlent le Japon pendant toute cette période, conduisent par ailleurs à y donner le pouvoir effectif aux militaires dès 1938. Ceux-ci, après des tergiversations qui aboutiront à la victoire de la clique extrémiste dirigée par le général Hideki Tojo, placeront le Japon aux côtés de l'Allemagne nazie et lanceront l'attaque contre les États-Unis à Pearl Harbour, le 7-8 décembre 1941. Conduit à la capitulation le 2 septembre 1945, après le bombardement à l'arme atomique des villes de Hiroshima (6 août) et Nagasaki (9 août), décidé par le président américain Truman qui a succédé depuis peu à Roosevelt, le Japon est occupé par les troupes américaines et administré jusqu'en 1951 par l'ancien commandant suprême des forces alliées dans le pacifique, le général Mac Arthur. Réformé politiquement, démocratisé, tout en restant une monarchie dirigée par la même dynastie impériale, et peu à peu reconstruit économiquement, le Japon continue ensuite sa route sans à-coups majeurs, pour devenir (pacifiquement, désormais) la grande puissance mondiale que l'on connaît aujourd'hui. Si l'empereur conserve son trône en tant que symbole de l'unité nationale, ce sont des hommes et des femmes politiques élues qui détiennent le véritable pouvoir de décision. Après trois décennies de croissance sans précédent, l'économie japonaise a connu un important ralentissement à partir des années 1990. En mars 2011, le tremblement de terre le plus puissant jamais enregistré au Japon, accompagné d'un tsunami, a dévasté le nord-est de l'île de Honshu, tué des milliers de personnes et endommagé plusieurs centrales nucléaires, en particulier celle de Fukushima, y causant un accident nucléaire grave. Le Premier ministre
Shinzo Abe a été réélu en décembre 2012
et a depuis entrepris d'ambitieuses réformes économiques
et sécuritaires pour améliorer l'économie du Japon
et renforcer la position du pays sur la scène internationale.(H.
Cordier / T.)
La plantation dans les rizières japonaises dans les années 1920.
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